20 octobre 2024
XXIXe dimanche du temps ordinaire B
Mc 10, 35-45
Jésus est en train de monter à Jérusalem avec les siens, mais ceux-ci ont peur, prévoyant ce qui pourrait arriver à Jésus et à eux-mêmes dans la Ville Sainte. En fait, Jésus leur dit très précisément ce qui l'attend : sa gloire, qui se manifestera lorsqu'il sera élevé sur la croix. Pour la troisième fois, Jésus annonce son destin de passion, de mort et de résurrection, le moment où Il se livrera totalement à l'obéissance du Père, en se donnant lui-même.
Dans ce contexte dramatique, l'évangéliste Marc raconte que les deux frères Jacques et Jean s'approchent de lui avec une question qui semble inhabituelle. Une question dans laquelle les rôles sont inversés et où il est demandé à Jésus d'obéir à leur volonté (« ce que nous allons te demander, nous voudrions que tu le fasses pour nous.» - Mc 10,35).
En fait, ils demandent non seulement d'être dans la gloire avec Jésus, mais aussi d'occuper des positions uniques, comme ceux qui sont à droite et à gauche, comme ceux qui occupent la meilleure place (« Donne-nous de siéger, l’un à ta droite et l’autre à ta gauche, dans ta gloire. » - Mc 10,37).
Les deux disciples sentent que Jésus est sur le point d'entrer à Jérusalem et qu'il y manifestera enfin sa gloire, et ils prennent soin de s'assurer une part de cette célébrité et de ce pouvoir. Les disciples pensent à un pouvoir humain auquel ils veulent avoir part, tandis que Jésus parle de la croix.
La réponse de Jésus leur révèle que la vocation à laquelle nous sommes appelés est plus grande que tout honneur humain que nous pouvons recevoir dans la vie.
Jésus leur répond donc qu'ils ne savent pas ce qu'ils demandent (« Vous ne savez pas ce que vous demandez » - Mc 10,38), non pas parce qu'ils se trompent en demandant une plus grande vie et une plus grande gloire, mais seulement parce qu'ils se trompent eux-mêmes en identifiant ce qu'est réellement cette gloire.
La réponse de Jésus compte trois parties.
Dans la première, il déplace l'attention vers l'essentiel, vers ce en quoi consiste la vraie gloire (« Pouvez-vous boire la coupe que je vais boire, être baptisés du baptême dans lequel je vais être plongé ? »). - Mc 10,38).
Le calice et le baptême sont des métaphores de la passion et de la mort de Jésus. La vraie gloire est donc la plénitude d'une vie donnée, répandue sur ses frères pour que tous vivent. Il ne s'agit pas d'occuper des places, mais de faire de la place, de donner la vie.
Chaque homme compte sur sa propre capacité à aimer, et la vie, avec générosité, veille à lui offrir des occasions de le faire : à Jérusalem, la vie offrira à Jésus une coupe à boire et un baptême dans lequel être plongé, elle offrira des événements dans lesquels Jésus pourra choisir la gloire, c'est-à-dire continuer à aimer, toujours, même dans un contexte de souffrances humaines injustes.
Ce choix, de consentir à la logique du don et de l'amour, est ce qui construit la vie, ce qui accomplit notre devenir en tant que personne : si nous renonçons, quelque chose en nous reste inachevé, en dehors de la gloire.
Les disciples, presque comme pour se justifier, disent qu'ils sont capables de vivre ainsi, de boire cette coupe, d'être baptisés dans ce baptême (« Ils lui dirent : “Nous le pouvons” » - Mc 10,39).
Vient ensuite la deuxième partie de la réponse de Jésus.
Alors que les disciples demandent à être en position de pouvoir, Jésus lui, se récuse de toute position de domination et de pouvoir : ce n'est pas à lui d'accorder qui commandera, qui sera à sa droite et qui sera à sa gauche. (« Ce n'est pas à moi de l'accorder » - Mc 10,40). Seul le Père peut le faire.
La gloire de Jésus ne coïncide pas avec la puissance humaine, mais avec l'obéissance d'un fils.
Et si nous sommes des fils, nous serons tous dans la gloire, tous à sa droite et à sa gauche, mais à condition de ne pas la revendiquer et surtout de ne pas en exclure les autres, comme Jacques et Jean avaient essayé de le faire.
Nous voyons dans la suite du texte à quel point la logique de domination et de pouvoir était répandue parmi les disciples : en effet, en voyant ce qui se passe, les autres disciples s'indignent contre Jacques et Jean (« Les dix autres, qui avaient entendu, se mirent à s'indigner » - Mc 10,41), comme quelqu'un qui se sent exclu, comme quelqu'un qui se sent offensé quand on lui enlève ce qui lui est dû.
La troisième partie de la réponse n'est donc plus pour les deux frères, mais pour tous, comme pour dire que nous sommes tous également malades de cette soif de gloire qui nous prive de la joie de vivre en frères.
Le mot clé que Jésus propose pour un nouveau regard sur la vraie gloire est le mot service. («Celui qui veut devenir grand parmi vous sera votre serviteur » - Mc 10,43). Un service vécu non pas comme une vertu morale, non pas comme un effort ascétique, mais en suivant Son exemple, lui, le Fils, le Seigneur : « Car le Fils de l'homme lui-même n'est pas venu pour être servi, mais pour servir et donner sa vie en rançon pour la multitude » (Mc 10,45).
Ce passage est une indication méthodologique importante, car il nous indique la manière chrétienne de faire face aux événements du monde, à la politique, au pouvoir humain, à l'orgueil sous toutes ses formes. Nous ne pouvons pas avoir Jésus sans la croix. En elle, nous n'avons pas seulement le pardon de Dieu pour nos péchés, par la mort de Jésus (bien que cela soit évidemment central). La croix est le moyen pour Dieu de renverser tous les pouvoirs humains, qui s'illusionnent en pensant remettre le monde à l'endroit par la logique du pouvoir. Au mieux, ils peuvent remplacer une forme de pouvoir par une autre. Seule la logique de la croix peut défier l'orgueil et la gloire des hommes.
+ Pierbattista