JERUSALEM – Veuillez trouver ci dessous le texte de la lettre que Mgr Pierbattista Pizzabballa, Administrateur Apostolique du Patriarcat latin de Jérusalem, a envoyé à la paroisse latine de Jérusalem.
Au Père Nerwan Al-Banna, OFM,
Aux prêtres et religieux
Et à tous les fidèles de la Paroisse latins de Jérusalem
Objet : Clarifications en ce qui concerne la paroisse de Jérusalem
Chers fidèles et frères dans le Christ,
Que le Seigneur vous donne Sa paix !
La paroisse de Jérusalem est la première paroisse du diocèse. Historiquement, elle fut la première canoniquement érigée. Mais elle est aussi symboliquement la première entité diocésaine, parce qu’elle a toujours fidèlement préservé la mémoire vivante de la mort et de la résurrection du Christ. Aujourd’hui c’est votre présence qui rend l’Eglise Mère de Jérusalem vivante et visible.
C’est pour cela qu’il est primordial et fondamental pour nous tous non pas seulement de conserver mais aussi de renforcer notre présence à Jérusalem et de conserver le caractère chrétien de la Ville Sainte. L’identité de Jérusalem ne serait pas complète sans une présence chrétienne vivante et dynamique. Les Lieux Saints et la présence d’un grand nombre de pèlerins ne suffisent pas à affirmer la caractère chrétien de la Ville : sans la présence d’une communauté locale vivante et active, il ne peut pas y avoir d’Eglise.
Je souhaite avant tout chose remercier la custodie de Terre Sainte qui depuis le début a accompagné la naissance et le développement de la paroisse latine. Grâce à ses services à travers les siècles et jusqu’à aujourd’hui nous avons à présent une belle communauté, dynamique et joyeuse. Toute l’Eglise est reconnaissante pour ce service ô combien précieux et pas toujours gratifiant.
Si beaucoup a déjà été fait, beaucoup reste encore à faire. La ville a connu ces dernières années de nombreux changements d’un point de vue social et urbain. La ville s’est agrandie et les logements des fidèles sont souvent aujourd’hui éloignés des lieux de culte. Tout cela ne peut que nous pousser à la réflexion, d’abord d’un point de vue pastoral mais également au sein même de notre communauté. Tout change. Nous changeons aussi et nous devons nous demander ce que signifient ces changements pour notre présence dans la Ville Sainte, ici et maintenant.
Notre paroisse était à l’origine concentrée sur la Vieille Ville et ses environs. Aujourd’hui elle se répartit sur un territoire très vaste : en plus de la vieille ville et de ses abords, nous avons aujourd’hui Kfar Aqab, Er-Ram, Beit Hanina, Betfage, Betania, Beit Safafa et différents autres localités. Les quartiers sont éloignés les uns des autres. Nous sommes donc face à une grande dispersion.
Cette situation est certainement un signe positif. Elle montre la vitalité de notre présence, sa croissance et son développement. Ce phénomène toutefois nous pose à tous un sérieux défi du point de vue pastoral. D’un côté il est difficile pour les prêtres de rejoindre correctement tous ces quartiers, d’un autre côté il est compliqué pour les fidèles de se rendre dans les lieux de culte ou de réunion.
Cette situation, c’est à dire la dispersion des fidèles sur un territoire très vaste, nous pousse à présent à nous demander comment assurer un service pastoral satisfaisant pour tous dans les quartiers actuels. La réflexion a commencé depuis un certain temps dans différentes entités du diocèse dans lesquelles la question a été posée dans les termes suivants : serait-il utile de créer une seconde paroisse à Jérusalem de façon à renforcer notre présence sur le territoire ?
Cependant, ce débat a soulevé de nombreuses questions et craintes, liées pour la plupart à la question politique et aux nouveaux changements qui se produisent dans la ville. Nous aussi voyons cela. Mais je peux vous assurer que cela n’a jamais été pris en considération et n’a jamais été la base de nos évaluations. Honnêtement, je doute que les autorités politiques soient intéressées ou même influencées par nos décisions pastorales. Cependant, à cause de tout cela, j’ai compris qu’il est bon et sage d’écouter et de prendre en considération toutes les observations à cet égard.
Je souhaite par cette lettre calmer et assurer toute la paroisse : il n’y a pas d’intention et il n’y a pas de raison de prendre des décisions contraires au sentiment commun de la communauté paroissiale. Nous cherchons des solutions : que ce soit pour créer une nouvelle paroisse à Jérusalem, ou d’autres solutions qui peuvent aider la communauté de Jérusalem et l’Église à réfléchir à leur présence dans la Ville Sainte et à la fortifier. Cette réflexion est toujours ouverte, et il est important que vous en fassiez partie.
Je considère cependant toute cette discussion comme un moment providentiel. Cette proposition était une sorte de « choc électrique » qui a poussé toute la communauté à réfléchir et à échanger sur sa situation actuelle et ses perspectives d’avenir. Et c’était vraiment nécessaire. Nous devons nous rencontrer, réfléchir ensemble et nous demander comment grandir et progresser.
J’invite tout le monde, surtout, à prier. Nous devons prier beaucoup pour tout ce qui se passe autour de nous et sur notre territoire, mais nous ne devons pas oublier notre première communauté. Je vous invite tous à prier pour la paix de Jérusalem, de notre ville, dont nous faisons partie intégrante et que nous aimons. Sans prière et sans un regard vers le ciel, nous ne terminerions que par des discussions humaines, alors que nous devons d’abord écouter la volonté de Dieu. Dans les semaines à venir, je veux vous rencontrer tous, si possible, pour vous écouter, pour vous assurer de ma proximité et pour discerner avec vous de ce que le Seigneur nous demande.
Que la Sainte Vierge intercède pour nous tous et bénisse toutes vos familles.
Dans le Christ,
+ Pierbattista Pizzaballa Administrateur Apostolique