6 avril 2025
Vème dimanche de Carême, Année C
Jn 8, 1-11
Aujourd'hui encore, pour essayer de comprendre le passage de l'Évangile de ce dimanche (Jn 8,1-11), partons d'un petit détail.
Nous sommes dans le temple, où Jésus est venu du mont des Oliviers ; il est assis et enseigne les gens qui se rassemblent autour de lui (Jn 8,1-2). Pendant qu'il enseigne, des scribes et des pharisiens lui amènent une femme adultère et lui demandent de la condamner. Mais Jésus se tait et écrit avec son doigt sur le sol (Jn 8,6). Et parce qu'ils insistent, Jésus prononce les fameuses paroles « Celui d'entre vous qui est sans péché, qu’il soit le premier à lui jeter une pierre » (Jn 8,7), puis il se penche à nouveau et recommence à écrire sur le sol (Jn 8,8).
Ce dernier détail est étrange : Jésus se penche à nouveau et écrit une seconde fois. Il est déjà étrange qu'il le fasse une première fois. Il est encore plus étrange que l'Evangéliste Jean souligne qu'il le fait également une seconde fois.
L'Écriture elle-même peut nous aider à comprendre cette indication apparemment étrange de l'Evangéliste.
À la fin du chapitre 31 du livre de l'Exode, nous lisons que Dieu, après avoir longuement parlé avec Moïse de toutes les lois qu'il avait données à Israël, « il lui donna les deux tables du Témoignage, les tables de pierre écrites du doigt de Dieu. » (Ex 31, 18).
Nous trouvons ici une première référence : au v. 6 du passage d'aujourd'hui, il est dit en effet que Jésus écrit sur le sol avec son doigt.
Mais, comme nous l'avons dit, ce qui est étrange, c'est que ce geste est répété deux fois. Or les Tables de la Loi ont dû être écrites deux fois.
Les premières, en effet, furent détruites par Moïse comme symbole du péché d'infidélité et d'idolâtrie du peuple : l'alliance, à peine scellée, avait été immédiatement rompue (Ex 32).
Mais Dieu ne la détruit pas totalement, comme il l'avait d'abord envisagé, et au chapitre 34 de l'Exode, il donne à Moïse deux autres tables de l'Alliance, des tables que Dieu a réécrites (Ex 34,1.28).
Ceux qui avaient amené la femme à Jésus, en invoquant une sentence de mort à son encontre, ne pouvaient certainement pas ne pas comprendre l'allusion. Jésus écrit deux fois, parce que c'est ce que Dieu fait avec son peuple et avec tout homme. Il donne toujours une seconde chance. Il l'offre à tous, parce que nous en avons tous besoin.
Même les scribes et les pharisiens qui le regardent écrire en ont besoin, parce qu'ils appartiennent eux aussi à un peuple de pécheurs, d'adultères, un peuple qui avait besoin d'une seconde chance.
Cependant, Jésus ne se contente pas de déplacer l'attention du péché de la femme vers le péché de tous : il ne nie pas le péché de la femme, tout comme Moïse n'a pas nié devant Dieu le péché de son peuple, et il ne le minimise pas non plus. Jésus ne diminue pas la responsabilité de la femme, mais il ne l'écrase pas non plus sous le poids de sa culpabilité.
D'abord, Jésus lui parle ( « Il se redessa et lui demanda : Femme, où sont-ils donc ? » - Jean 8,10) : la violence de ses accusateurs lui avait ôté la parole, Jésus la lui rend, lui restitue sa dignité.
Puis il la rend à elle-même et à sa propre responsabilité : ce n'est pas lui qui juge la femme (« Et Jésus dit : “Moi non plus, je ne te condamne pas” - Jn 8,11), car il n'est pas venu pour condamner ( « Je ne suis pas venu juger le monde, mais le sauver » - Jn 12,47). C'est plutôt celui qui commet le mal qui se condamne en fin de compte.
Enfin, il la remet sur le chemin, la libère de la nécessité de rester dans son propre péché, de répéter son erreur (« va, et désormais ne pèche plus » - Jn 8,11).
Jésus lui offre donc une seconde chance.
Mais il ne l'offre pas qu'à elle ! Même les pharisiens et les anciens peuvent commencer un nouveau chemin à partir de là : eux aussi se mettent en route ( « eux, …, s’en allaient un par un, en commençant par les plus âgés » - Jn 8,9).
Celui qui fait l'expérience de la miséricorde de Dieu, s'il le désire, peut repartir, renaître, se mettre en route.
+ Pierbattista
*Bureau des médias du Patriarcat latin Traduction