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1920 Joseph Steiner (1897-1975)

Né: 24.11.1897 à Haïfa

Études:

  • 1905-1910: Collège des frères de Haïfa
  • 10.8.1910: Rejoint le Petit Séminaire du Patriarcat latin

Ordination: 26.9.1920 par S.B. le Patriarche Louis Barlassina

Nominations & Activités:

  • 10.1920: Vicaire de la paroisse de l'Assomption de Notre-Dame à Salt avec le curé P. Mansour Gelat
  • 13.11.1922: Curé de la paroisse de la décollation de Saint-Jean-Baptiste à Madaba, en Jordanie jusqu'au 23.9.1923
  • 1923: Première Visite pastorale à Naour
  • 3.12.1923: Secrétaire de la Chancellerie du Patriarcat latin avec le P. Philippe Talvacchia du Patriarcat latin
  • 10.4.1924: Pro-Chancelier du Patriarcat latin jusqu'à 10.1927
  • 10.4.1924: Responsable des archives du Patriarcat latin jusqu'en 1929
  • 15.4.1924: Ouverture de la première mission de Naour avec le curé Philippe Talvacchia
  • 12.1924: Ouverture de la première mission d’Amman avec le curé Choukri Safieh
  • 1925: Premier aumônier des prisons à Jérusalem jusqu'en 1933
  • 25.8.1929: Chancelier du Patriarcat latin jusqu'au 5.12.1933
  • 1.10.1930: Aumônier des Frères jusqu'à 10.1944
  • 1935: Prieur des frères de St. Jean de Dieu, Nazareth
  • 10.5.1954: Quitté le Patriarcat latin
  • 13.5.1954: Aumônier de l'hôpital italien à Kérak
  • 2.1963: Vicaire de la paroisse du Cœur Immaculé de Marie à Fuheis avec le curé P. Yousef Rabady
  • 2.8.1963: Vicaire de la paroisse Saint-Joseph à Jabal-Amman avec le curé P. Emmanuel Sawalha
  • 27.8.1964: Curé de la paroisse de l'exaltation de la Sainte Croix à Ermémin, en Jordanie jusqu'au 20.8.1969
  • 20.9.1971: Célébration de son jubilé d'argent sacerdotal

Mort: 7.12.1975 à Christ-Roi à Beyrouth, à l'âge de 78 ans

Écrits:

  • Petite chronologie religieuse et civile de la Terre sainte, depuis la naissance de N.S. ; Jérusalem 1937, 18 pages
  • Le Patriarcat latin de Jérusalem, statistiques générales ; 1928, imprimerie franciscaine, 32 pages
  • Le Propre du diocèse de Jérusalem (1935), bréviaire, missel

Né en 1897, D. Joseph Steiner était depuis quelques années le vétéran du clergé patriarcal. Depuis 1969, il était retiré à l'hospice du Christ-Roi de Nahr el-Kelb au Liban, œuvre fondée par le serviteur de Dieu, P. Jacques de Ghazir, pour des prêtres impotents ou âgés. Avec les circonstances si tragiques du Liban, coupant les communications normales, le Patriarcat n'a appris qu'au début de mars, le décès, survenu le 7 décembre précédent, de D. Steiner. Il s'est éteint de vieillesse et d'infirmités diverses, dont il était depuis long­temps affecté et qui lui avaient fait demander son hospitalisation au Christ-Roi.

Joseph Steiner était né à Haifa, le 24 novembre 1897 de parents autrichiens. Ceux-ci, avant sa naissance, avaient déjà adopté un petit garçon, qui fut donc son frère de lait et devint plus tard religieux des Frères de Saint-Jean de Dieu ; il fut en service à Nazareth jusqu'à ce que cette communauté autrichienne ren­trât dans son pays. Joseph fit ses études chez les Frères des Écoles chrétiennes, de 1905 à 1910, à Haifa. Il entra en août 1910 au petit séminaire patriarcal à Beit Jala. La guerre de 1914-1918 vint fort troubler la vie du séminaire. Beit [Ala] fut occupé par les Turcs en 1917, puis aussi le séminaire de Jérusalem où s'étaient repliés les séminaristes, qui durent s'installer au Patriarcat même. En 1918, tout en prenant les re-c pas au Patriarcat, ils logèrent à la Dormition pour en occuper les locaux, jusqu'à l'arrivée de quelques bénédictins belges. Il ne resta enfin que trois aînés, la classe de D. Steiner : lui-même, avec ses con­disciples, le hollandais Théodore Maat (1892-1956) et Zacharie Cho­mali (1897-1963) de Beit Sahour. Ces trois survivants de la classe et du séminaire d'avant la première guerre furent ordonnés par le pa­triarche Barlassina, le 20 septembre 1920.

D. Steiner commença son travail pastoral comme vicaire de D. Mansour Gélat à Salt, de 1920 à 1922. En octobre de cette année, il devenait curé de Madaba. Mais dès décembre 1923, le Patriarche Barlassina rappelait à Jérusalem ce jeune prêtre polyglotte pour être, à la chancellerie, secrétaire de D. Talvacchia. Quand celui-ci partit en Transjordanie, il fonda les paroisses de Naour puis d’Amman. D. Steiner fut nommé pro-chancelier et archiviste, étant en fait chancelier, même s'il n'en prit pas le titre. Il le resta jusqu'au 5 décembre 1933, où il fut remplacé par son condisciple, D. Maat. En même temps. D. Steiner remplissait les fonctions d'aumônier du Collège des Frères, contigu au Patriarcat et aussi à la prison, y visitant les clients chrétiens éventuels.

Par la tournure de son esprit, D. Steiner était un archiviste et chancelier né. Il s'était donné une très vaste culture hisrorico-religieuse. Il couvrait de son écriture caractéristique très fine des pages innombrables, souvent collées en tableaux impressionnants. Fanatique du détail précis et vrai rat de bibliothèque. Il fouillait sans arrêt les sources historiques et théologiques. Il pensait à de vastes ouvrages, toujours des compilations d'un autre siècle, dont il parlait volontiers à ses rares amis. En 1928, il édita chez les Franciscains une petite brochure : Le Patriarcat latin de Jérusalem, statistique générale, de 32 pages, 34 plutôt, car les couvertures aussi étaient bourrées de données. Cette brochure est restée longtemps une mine et l'est encore pour cette date. Le patriarche Barlassina mit D. Steiner à contribuer pour préparer, en 1935, le Propre du diocèse de Jérusalem, bréviaire et missel, travail fort important et très remarquable qui est resté en usage jusqu'à la récente réforme liturgique. En 1937, il édita encore à la même librairie franciscaine un autre livret de 20 pages, petite chronologie religieuse et civile de la Terre sainte depuis la naissance de Notre-Seigneur. C'était encore une mine de faits et de dates de tout genre de l'histoire si riche de la Palestine. Un fragment d'une grande chronologie de la Terre sainte à laquelle il n'a cessé de travailler. À un de ses rares amis. Il confiait ces dernières années qu'il avait terminé les manuscrits de 70 ouvrages et en avait une trentaine d'autres en bonne voie. Il avait évidemment cherché en vain un éditeur pour ces travaux d'une autre époque.

La vie sociale de cet esprit si curieux était réduite au minimum. Au Patriarcat, il était toujours taciturne, malgré les provocations fréquentes et toujours amusantes pour les confrères. De son très jovial condisciple hollandais. D. Maat, qui était devenu son successeur à la Chancellerie. Cependant, chez quelques rares amis. D. Steiner pouvait se montrer détendu et loquace. Il était aussi collectionneur de timbres, comme de faits historiques.

En mai 1954, sortant de Palestine, il devint aumônier de l'hôpital italien de Kérak ; mais, vite perclus de rhumatismes, il se replia au Vicariat d'Amman. Il y confessait, comme aussi au collège des frères. En 1963, il passa à la paroisse S. Joseph d'Amman, puis à Fuheis pour en aider les curés. En 1964, il devient curé d’Ermémin dont le climat lui était plus favorable. Mais en août 1969, sa santé, très détériorée par trop d'infirmités, donna de graves inquiétudes. Sur sa demande même, il fut accueilli à l'hospice du Christ-Roi de Kelb, au nord de Beyrouth. Les soins très dévoués des Sœurs de la Croix du P. Jacques le rétablirent quelque peu. Il y continuait ses travaux, toujours possédé par ses compilations si curieuses l'occupant en de­hors de ses exercices de piété, sa vie sociale de misanthrope de plus en plus réduite. Les Sœurs disaient cependant qu'il était le plus ac­commodant de leurs clients. Il les aidait même à réduire au silence son voisin de chambre, fort atteint, qui oubliait très vite d'avoir pris son repas et importunait les Sœurs. D. Steiner venait donc assister à l'arrivé du plateau, faisait signer à l'infirme un billet de réception pour ensuite arrêter, avec ce bout de papier, ses réclamations fatales!

Chaque année, lors de la réunion à ce Christ-Roi, à l'étage au­dessus des prêtres hospitalisés, de l'Assemblée générale de la Confé­rence épiscopale latine du Proche-Orient, D. Steiner recevait la visite de son Patriarche, de Mgr Siman et Mgr Kaldany, des R.P. Méde­bielle et Favero. Ils le retrouvaient avec plaisir, toujours bien le même, toujours intéressé de ses travaux « posthumes », disait-il, car il ne manquait pas d'humour. Les événements tragiques du Liban ont empêché en novembre 1975 de tenir au Christ Roi la réunion annuelle de la CELRA, qui a eu lieu à Amman. Les « patriarcaux » n'ont donc pu revoir D. Steiner, arrivé au bout de ses forces, avant son décès le 7 décembre, avant que l'étau ne se soit resserré sur ce site enchanteur mais exposé du Liban. Sorti depuis de longues années de Palestine et même du courant du clergé patriarcal, D. Steiner a eu du moins au Christ-Roi ses dernières années abritées et entourées de tous les soins. L'éloignement de ses confrères ne pouvait être une souffrance pour son tempérament si misanthrope et alors qu'il avait toujours l'occupation de ses chères compilations.