Né: 15.4.1921 à Batroun (Nord, Liban)
Études:
- 1828: Élève à Ratisbonne, Jérusalem
- 1.8.1931: Rejoint le Petit Séminaire du Patriarcat latin
- 1.10.1936: Rejoint le Grand Séminaire du Patriarcat latin
- 1.10.1938: Entré en théologie
- 14.12.1938: La Tonsure par S.B. le Patriarche Louis Barlassina dans la chapelle du Séminaire du Patriarcat latin
- 17.12.1938: Les Premiers Ordres Mineurs par S.E. Franz Fellinger dans la chapelle du Séminaire du Patriarcat latin
- 23.12.1939: Les Derniers Ordres Mineurs par S.E. Franz Fellinger à la Pro-cathédrale
- 19.4.1942: Le Sous-Diaconat par S.B. le Patriarche Louis Barlassina au Carmel à Bethléem
- 24.4.1943: Le Diaconat par S.B. le Patriarche Louis Barlassina à la Pro-cathédrale
Ordination: 4.7.1943 par S.B. le Patriarche Louis Barlassina au Calvaire à Jérusalem
Nominations & Activités:
- 1.10.1942: Études finies, reste Professeur au Séminaire du Patriarcat latin
- 11.8.1943: Curé de la paroisse de Visitation de Notre-Dame à Anjara, en Jordanie jusqu'au 28.7.1944
- 28.7.1944: Curé de la paroisse Saint-Joseph à Mafraq, en Jordanie jusqu'au 12.11.1944
- 12.11.1944: Vicaire de la paroisse de la décollation de Saint-Jean-Baptiste à Madaba avec le curé P. Ibrahim Helou
- 19.8.1945: Curé de la paroisse de Visitation de Notre-Dame à Anjara, en Jordanie jusqu'à 11.1945
- 5.1.1946: Professeur au Séminaire du Patriarcat latin
- 27.6.1950: Maître des cérémonies du Patriarcat Latin
- 7.8.1954: Vicariat coopérateur de la Paroisse d'Amman et Directeur du Collège Patriarcal d'Amman
- 13.4.1955: Aumônier du collège des Frères à Bethléem
- 16.4.1956: Administrateur de la paroisse de l'Annonciation à Ein Arik, en Palestine, jusqu'au 10.7.1957
- 10.7.1957: Curé de la paroisse Notre-Dame des Sept Douleurs à Aboud, en Palestine jusqu'au 9.6.1959
- 9.6.1959: Curé de la paroisse Saint-Joseph à Jifna, en Palestine jusqu'à sa mort
- 25.1.1964: Président de la Commission pour la musique sacrée
- 1966: Président de la commission diocésaine de musique sacrée
- 12.5.1968: Célébration de son jubilé d'argent sacerdotal avec sa paroisse de Jifna
Mort: 19.4.1982 à l'hôpital italien d'Amman de son infarctus de la veille à l'âge de 61 ans
Enterré: Obsèques au Christ Rio, sépulture au cimetière d'Amman
Il aura été le sixième prêtre du clergé patriarcal emporté par infarctus du cœur, depuis 4 ans. Frappé dans la nuit du 19 avril à Amman, où il venait de prêcher la semaine sainte à la paroisse de Marka-Airport, il décédait en moins de 24 heures à l'hôpital italien de cette capitale. La nouvelle de son infarctus avait douloureusement surpris le Patriarcat à Jérusalem dans la matinée du lundi 19. Le lendemain, alors que le Patriarche était déjà en route pour Amman, un message de la Croix-Rouge annonçait que D. Alfred était déjà décédé, dans la soirée du lundi. Avec lui, le clergé patriarcal perdait une personnalité bien connue et fort appréciée.
Libanais d'origine, il était né à Eddeh (Batroun) le 15 avril 1921. Son oncle, le Père Joseph Attieh, prêtre maronite, était curé de la petite paroisse d'Ain Arik, près de Ramallah, où il est resté 37 ans. Il s'était chargé de son petit neveu et l'avait mis élève à l'école professionnelle de Ratisbonne à Jérusalem. Au bout de trois ans, Alfred se présenta, en août 1931, au petit séminaire du Patriarcat latin, alors à Jérusalem. Il passa ensuite au grand séminaire à Beit Jala en 1936 et fut ordonné prêtre le 4 juillet 1943 par le Patriarche Barlassina, sur le Calvaire.
En pleine guerre, alors que le Patriarche manquait de prêtres, D. Alfred, quoique bien jeune, dut assurer 11 mois de ministère à Anjara, puis 4 mois à Mafraq, quelques mois à Madaba comme vicaire de D. Hélou, puis de nouveau à Anjara. En janvier 1946, le Patriarche l'envoyait au séminaire de Beit Jala. Il y enseignait la musique et aussi la liturgie au grand séminaire. Il devenait maître des cérémonies du Patriarcat, charge dont il s'acquittait avec maîtrise, même avec Mgr Gélat, l'Auxiliaire, liturge bien plus exigeant que le patriarche Gori. En 1952, il était affecté comme vicaire au Vicariat d'Amman et chargé pendant une année du collège patriarcal qui prenait alors son essor. En août 1955, il revenait en West Bank, aumônier du collège des Frères à Bethléem et de nouveau cérémoniaire patriarcal, desservant aussi Ain Arik, l'ancienne paroisse de son oncle.
En juillet 1957, il était nommé curé d'Aboud, y succédant à D. Ibrahim Ayad qui devait revenir au Liban. Après deux ans à Aboud, D. Alfred était nommé curé de Gifneh, sa dernière paroisse. Il succédait à D. Alonso qui, à 70 ans, avec sa santé fort atteinte, prenait sa retraite au Patriarcat.
Dans sa petite paroisse de Gifneh, bien ramassée autour de son église, avec une modeste école (95 élèves en 1981), D. Alfred avait des loisirs pour ses hobbies, peinture et musique. Il était depuis 1966 président de la Commission diocésaine de musique sacrée, qui a beaucoup fait pour l'élaboration de la nouvelle liturgie en arabe. C'est en particulier le remarquable Pater arabe de D. Alfred qui se chante dans tout le diocèse. Esprit curieux en tout domaine, il avait, encore curé d'Aboud, aidé archéologues et historiens de cette vieille paroisse remontant aux débuts du christianisme ; on a retrouvé les restes de 9 églises et d'un monastère. À Gifneh, site ancien aussi, mais mieux placé et plus documenté historiquement, il y avait moins à découvrir. Mais D. Alfred y montrait avec pertinence les restes d'une église byzantine, presque au chevet de la sienne, et, au-dessous de son presbytère, ceux d'une installation médiévale avec sa porte à coulisse. Il s'était aussi passionné pour des travaux de calendriers, fabriquant des engins ingénieux de calcul. Il était un peu vexé de ce que exégètes et scientifiques ne le suivissent pas dans ses assertions ; elles leur paraissaient trop assurées, partant de données incertaines et discutables, comme celle d'une date précise de la naissance du Christ.
Orateur puissant, il pouvait être original avec des textes en assonnances qu'il savait bien faire valoir de sa voix puissante. Il relevait de façon aimable les rencontres sacerdotales ; il était le lecteur attitré de la retraite du clergé, faisant la joie et la détente de ses auditeurs par les coupures de ses appréciations personnelles du texte lu.
Il donnait des retraites fort goutées qui captivaient les jeunes. On peut se demander si les prédications successives de son dernier mois, pour la semaine sainte, à la paroisse de Ramleh, puis chez lui à Gifneh et enfin à celle de Marka, n'ont pas précipité son infarctus. Diabétique depuis déjà des années, il se sentait touché depuis quelques semaines. Le 11 avril, à son sermon de Pâques, il avait parlé à ses paroissiens avec émotion, comme en des adieux. On le pressa, puisqu'il ne se sentait pas bien, de ne pas affronter la fatigue du voyage outre Jourdain, et là-bas, celle des confessions et prédications d'une autre semaine sainte, grâce au décalage liturgique entre les deux rives. Mais il tint à tenir sa promesse et faire ce qu'il estimait un devoir pastoral.
Son passage à la paroisse de Gifneh aurait été marqué par une série de restaurations de cette seconde paroisse du Patriarcat latin, ouverte en 1855. Dès 1966, on avait un peu réparé le vieux presbytère. En 1970, il fut heureux de voir la lieutenance suisse du Saint-Sépulcre prendre aussi en charge Gifneh, comme elle l'avait fait des écoles et de l'église de Birzeit, la fille de Gifneh, ouverte par son curé en 1859. Les deux salles de son école à l'entrée du presbytère furent rénovées. En même temps, au nord de la courette intérieure, était aménagée une salle paroissiale (1973) qui ferma heureusement cette cour et fournit à la paroisse ce local si utile pour rencontres et fêtes. Au-dessus de la salle étaient ensuite construites, donnant sur une véranda vers le sud, des salles de classe modernes avec entrée indépendante au nord. En 1980, enfin, les vieilles terrasses du presbytère, qui étaient plus que centenaires et irrémédiablement abîmées, étaient ouvertes et refaites, toujours grâce à l'aide généreuse de la lieutenance suisse. C'est la lieutenance allemande qui a permis la restauration de la vétuste résidence des Sœurs, avec des chambres valables pour les trois religieuses et une salle commune.
Alfred était heureux de montrer sa petite église dédiée à Saint Joseph, qu'il avait beaucoup enrichie et aussi ornée de ses peintures. Il en méditait l'agrandissement. Le Seigneur ne lui en a pas laissé le temps.
À Amman, il avait eu la satisfaction de trouver sa sœur, Marie, venue du Liban, et il comptait bien la ramener pour une visite à Gifneh. C'est elle qui, dans la nuit du dimanche 18, au soir de la Pâque jordanienne, a entendu les plaintes de son frère quand s'est déclaré l'infarctus fatal. Le curé de Marka, D. Jobraîl, voyant le cas bien sérieux, l'a aussitôt fait transporter à l'hôpital italien. Les examens ont immédiatement enlevé tout espoir, malgré les soins les plus sophistiqués. Mgr Sélim Sayegh, accouru aussitôt ainsi que le curé, D. Michel Sabbah, lui a conseillé de recevoir sans retard l'onction des malades. D. Sabbah la lui a conférée et il s'y est associé de tout son cœur, répondant au rite. Les prêtres d'Amman, avec l'évêque, son ancien élève au séminaire, se sont relayés à son chevet. Il se plaignait avec humour de se voir comme emprisonné dans sa chambre, interdite aux visites. Il avait bien conscience d'être touché à mort et quand quelqu'un risquait des souhaits de guérison, il montrait le Ciel de son doigt. Dans la soirée du lundi 19, la crise fatale se renouvelait et l'emportait devant ses confrères en prière.
Transporté à l'église paroissiale du Christ-Roi, c'est là que le trouvait, exposé dans son cercueil, S.B. le patriarche à son arrivée de Jérusalem. Il assistait dans l'après-midi aux obsèques, à la messe concélébrée par S.E. Mgr Sayegh, entouré de nombreux confrères très émus. L'évêque adressait aussi au nom de tous un adieu de cœur au cher confrère ainsi enlevé au clergé patriarcal. Il était enseveli au cimetière nouveau d'Amman sur la route de Madaba. À Gifneh, le 23, son voisin de Ramallah, D. Louis, présidait le service paroissial, assisté des confrères de rive droite et aussi des pères Mirande et Jeangrand, de Bétharram, anciens professeurs du défunt. D. Georges Saba, presque son condisciple, prononçait devant une église comble et aussi S.E. Mgr Lahham de Jérusalem, un vibrant et fraternel hommage au cher disparu.