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1930 Mgr Sélim Hadweh (1904-1970)

Né: 19.11.1904 à Beit Jala (Bethléem, Palestine)

Études:

  • 30.3.1921: Rejoint le Petit Séminaire du Patriarcat latin, sur recommandation du P. Choukri Safieh, alors curé de Beit Jala
  • 7.1.1927: La Tonsure
  • 9.1.1927: Les Premiers Ordres Mineurs par S.B. le Patriarche Louis Barlassina à Beit Jala
  • 25.5.1929: Le Sous-Diaconat, par S.E. Franz Fellinger, chapelle du Séminaire du Patriarcat latin
  • 27.10.1929: Le Diaconat par S.E. Franz Fellinger, chapelle du Séminaire du Patriarcat latin

Ordination: 14.6.1930 par S.E. Franz Fellinger à la Pro-cathédrale du Patriarcat latin de Jérusalem

Nominations & Activités:

  • 7.8.1930: Vicaire de la paroisse de la décollation de Saint-Jean-Baptiste à Madaba avec le curé P. Bernardino Merlo
  • 6.6.1931: Vicaire de la paroisse de l'Assomption de Notre-Dame à Salt avec le curé P. Antoine Vergani
  • 1.9.1932: Curé de la paroisse Saint-Antoine de Padoue à Rameh, Palestine jusqu'au 1.9.1936
  • 4.9.1936: Curé de Kafr Yassif
  • 13.12.1937: Curé de la paroisse de Visitation de Notre-Dame à Zababdeh, en Palestine jusqu'au 12.9.1941
  • 15.9.1941: Inspecteur des écoles du patriarcat latin
  • 22.8.1942: Administrateur de la paroisse de Lydda (l'actuel Lod, alors Palestine) jusqu'au 12.9.1945
  • 20.6.1946: Administrateur de la paroisse Notre-Dame des Sept Douleurs à Aboud, en Palestine, après la mort du curé P. Maurice Merlo jusqu'au 2.1.1947
  • 2.1.1947: Administrateur de la paroisse Notre-Dame ad Pasteurs à Beit Sahour, en Palestine jusqu'au 13.11.1948
  • 17.3.1951: Investi Chanoine du Saint-Sépulcre
  • 15.9.1951: Directeur du collège Al-Ahliyeh à Ramallah
  • 8.4.1952: Président du tribunal ecclésiastique diocésain de Jérusalem
  • 5.6.1953: Curé de la paroisse Notre-Dame de Fatima à Beit Sahour, en Palestine jusqu'au 27.11.1957
  • 14.6.1955: Célébration de son jubilé d'argent sacerdotal
  • 16.10.1956: Camérier secret de Sainte Sainteté par le pape Pie XII
  • 9-10.1957: Pèlerinage Gênes, Lourdes, Venise, Padoue, Assise et Rome
  • 1.12.1957: Curé de la paroisse Le Sauveur au Puits de Jacob à Naplouse, en Palestine jusqu'au 9.6.1959
  • 9.6.1959: Directeur des Archiconfréries du Cœur Agonisant de Jésus et des Mères Chrétiennes de la Pro-cathédrale
  • 7.7.1959: Président du tribunal ecclésiastique diocésain de Jérusalem et supérieur de Tayasir
  • Édite des manuels scolaires
  • 25.1.1964: Directeur de la Commission liturgique

Mort: 27.11.1970 à l'hôpital Français de Bethléem, à l'âge de 66 ans

Enterré: au Cimetière du Séminaire du Patriarcat latin

Le 27 novembre, à 11 h de la nuit, deux jours après S. B., le Patriarche Gori. Mgr Sélim Hadweh rendait aussi son âme à Dieu, à l'hôpital français de Bethléem. Il avait été opéré en novembre 1965 d'un cancer de la vessie. Le mal implacable était ensuite revenu. Mgr Sélim, d'une trempe d'âme peu commune et profondément homme de Dieu, a enduré sa terrible épreuve avec un courage et un esprit de foi qui ont profondément édifié ceux qui l'ont approché ces dernières années. Avec lui disparaît aussi, après le Patriarche Gori, une très remarquable figure du clergé patriarcal.

Il était né à Beit Jala le 19 novembre 1904, dans une famille très catholique. Il suffit de mentionner que sur 11 enfants, dont trois morts en bas âge, trois furent pour le Seigneur. Après D. Sélim, en effet, Habib, son cadet de trois ans, fut ordonné en 1932. Leur sœur Wadia, née en 1918, devint en 1937, Sœur Judith des Sœurs du Rosaire. Le petit Sélim, baptisé par son curé, le damascain D. Habib Shiha (+ 1915), fut confirmé en 1912 par le Patriarche Camassei.

Il avait vite entendu le rappel du Seigneur. Mais il ne trouva pas de séminaire ouvert pour le recevoir. Celui du Patriarcat avait été fermé par la guerre, après que les Turcs eurent réquisitionné ses deux résidences de Beit Jala et Jérusalem et mobilisé ses derniers grands séminaristes qui furent ordonnés en septembre 1920. En 1921, cependant, Mgr Barlassina, nouveau patriarche depuis 1920, rouvrit le séminaire de Beit Jala qu'il venait de faire réparer. Ce séminaire avait été endommagé par l'occupation turque et par un bombardement anglais en décembre 1917. Il rouvrit le 30 mars 1921, avec quelques grands séminaristes italiens et 18 nouveaux petits séminaristes, dont Sélim Hadweh, le seul de ce groupe qui devait persévérer. À 16 ans déjà, Sélim Hadweh était une sorte de vocation tardive, bien éprouvée. Pendant cette première année scolaire, son recteur fut le chanoine Joseph Morcos, aidé d'une équipe de fortune réunie autour de lui par Mgr Barlassina : le curé de Beit Jala, D. Choukri Safyeh, D. Dalmedico, D. Paul Assemani et D. Paul Assegian, le R. P. Buzy pour l'Écriture sainte. Mais en octobre de cette même année 1921, Mgr Barlassina confia la direction de son séminaire aux Pères Bénédictins de la Dormition. Ils seraient pendant 9 ans les maîtres de D. Sélirn, sous le rectorat du R. P. Maur Kaufmann (1921-1926) et du R. P. Chrysostome Panfoeder (1926-1931).

Le 8 octobre 1926, D. Sélim prit la soutane et entra au grand séminaire, à Beit Jaala. Le 16 mai 1927, le séminaire patriarcal vint s'installer à Jérusalem, dans la construction de 1890, contiguë au Patriarcat. C'est à Jérusalem, à la concathédrale, que D. Sélim fut ordonné prêtre le 14 juin 1930 par Mgr Fellinger, promu évêque auxiliaire l'année précédente. Après son ordination, faisant un rempla­cement, D. Sélim commença son service pastoral là où il le finirait 30 ans plus tard, avec l'aumônerie des Confréries du Cœur agonisant de Jésus et des Mères chrétiennes, à la concathédrale.

Au mois d'août 1930, il devint pour 10 mois le vicaire de D. Merlo à Madaba, puis, en juin 1931, de D. Vergani à Salt. Celui-ci surveillait alors la construction de l'église de Fuheis, où il passait la plus grande partie de la semaine ; puis il s'absenta 4 mois en Italie, donnant ainsi à D. Sélim l'occasion de remplir à plein les fonctions de curé. Son souci majeur fut la bonne marche de la florissante École paroissiale dont il était spécialement chargé. La direction ne lui en fut pas de tout repos, avec quelques maîtres, surtout un Beitjaliote qui donna du mal au vicaire, pourtant son compatriote.

Le 1er septembre 1932, D. Sélim était nommé curé de RARNEH, où il succédait à D. Choukri Srour. Il y inaugura la nouvelle école, bien modeste encore, le 19 février 1933. Le 1er juillet, avec toute sa paroisse, il accueillit avec joie et solennité D. Ibrahim Hélou, nouveau prêtre originaire du village, qui avait été ordonné le 29 juin à Jéru­salem. Le 12 mars de l'année précédente, un autre enfant de Rameh, D. Nê'meh Simaan, avait aussi été ordonné. Il devait être promu évêque auxiliaire de Transjordanie en 1965.

En septembre 1936, Mgr Barlassina envoya pendant 4 mois D. Sélim à la succursale, ouverte à Kafr Yassif, près d'Acre. Il vint ensuite s'installer pour 4 ans à Zababdeh. En 1941, il revint pour quelques mois à Rameh avant de gagner sa nouvelle cure à Lydda. Il allait y rester plus de trois ans, mais en faisant marcher de pair d'autres activités. Dès 1940, en effet, Mgr Barlassina avait confié à D. Sélim l'inspection de l'enseignement du catéchisme dans les écoles et les paroisses de la rive droite. Pendant 8 ans, aidé de divers collaborateurs, D. Sélim allait chaque année, en des tournées harassantes, s'acquitter de cette charge avec sa conscience toujours exigeante et qui ne savait pas transiger. Cela pouvait parfois indisposer des curés ou des supérieurs d'institutions. De 1941 à 1961, D. Sélim eut aussi à assurer la haute direction des écoles du Patriarcat de la rive droite.

Après un séjour au Patriarcat en 1948, pour la direction des écoles, D. Sélim prit en charge pour quelques mois la paroisse d'Aboud puis celle de Beit Sahour. Le 17 mars 1951, le directeur des écoles était nommé chanoine du Saint-Sépulcre par le nouveau Patriarche, Mgr Gori, qui le mettait aussi quelque temps à la tête du collège Ahlyah du Patriarcat à Ramallah, puis, en avril 1952, du tribunal ecclésiastique. En 1953, au retour de Rome de Mgr Bateh, D. Sélim devint curé de Beit Sahour pour 4 ans. Le 16 octobre 1956, nommé camérier secret de Sa Sainteté, il devenait Mgr Sélim, restant cependant jusqu'à la fin en arabe Abouna Sélim.

En septembre 1957, il prit part à un pèlerinage organisé à Rome et à Lourdes. Pour son âme si religieuse, la visite de ces sanctuaires célèbres fut une grande satisfaction et un enrichissement. À son retour, il se vit confier pour 20 mois la cure de Naplouse et les succursales dans plusieurs villages musulmans des environs. On savait qu'avec ce prêtre si zélé, les chrétiens en diaspora dans ces villages seraient suivis en toute sollicitude. De Naplouse, il contrôlait aussi l'administration de Teyasir, grande propriété du Patriarcat dans les montagnes, à l'est de Toubas. Avec son tempérament et sa conscience intransigeante, il s'y trouvait aux prises avec des villageois sans grand scrupule. Il y était donc fort occupé, s'y rendant chaque semaine depuis Naplouse et aussi depuis Jérusalem. Malgré bien des heurts, ces villageois, avec qui il avait eu tant à faire, ont rendu, à sa mort, un éloquent témoignage de sa droiture. Il en est venu une délégation jusque dans sa famille à Beit Jala pour se faire conduire à sa tombe. Ils y ont récité ensemble la sourate Al-Fatiha pour cet homme d'honneur en qui les affaires n'avaient jamais voilé l'homme de Dieu.

En 1959, le patriarche Gori gardait définitivement à la Curie Mgr Sélim qui avait tant circulé. Il lui confia à la concathédrale la direction des Confréries, l'occupant aussi au tribunal et lui laissant toujours la haute administration de Tayasir. Malgré sa santé déclinante, il ne cessait de s'y rendre encore chaque semaine.

Mgr Sélim s'était donné une très riche culture religieuse. Homme de Dieu, doué d'une voix haute très claire, il prêchait volontiers et très bien en arabe. Il était donc très demandé et apprécié dans les paroisses et les institutions. Il a ainsi exercé un très fécond ministère de prédication. Très zélé pour les âmes, Mgr Sélim était toujours disponible pour tout ministère et s'en acquittait à la grande satisfaction de tous.

Il aura eu aussi une grande activité littéraire. Directeur d'écoles, il avait édité un manuel d'Histoire des Arabes en deux volumes. Cet ouvrage a connu un plein succès pour ses trois éditions, avant que des mesures vexatoires n'aient imposé des textes de bien moindre valeur et fort tendancieux. Mgr Sélim a été encore un auteur fécond d'ouvrages arabes de piété et de liturgie, toujours dans une langue à la fois soignée et très abordable. On lui doit ainsi un volume de méditations « La manne céleste » ; une édition de la Neuvaine et de l'office de Noël, en grande faveur dans le diocèse ; mais surtout son Missel dominical qui en était en 1966 à sa 4e édition. Ce missel de 784 pages, édité par l'Imprimerie franciscaine, a été le texte idéal jusqu'à la Réforme liturgique. Mgr Sélim l'avait complété par un opuscule donnant les messes quotidiennes de carême et par un livre des Offices de la semaine sainte. Cette activité liturgique de Mgr Sélim explique bien qu'il ait été nommé aussi à la commission liturgique diocésaine où il aura beaucoup travaillé, même déjà malade.

En 1965, sa santé s'est beaucoup altérée. Il fut opéré en novembre à Haifa. Il dut y revenir dans la suite à plusieurs reprises. Il était toujours accueilli, dans cet hôpital italien, généreusement et de grand cœur.  "Nous regardons toujours sa venue et sa présence comme une bénédiction», disait la Sœur infirmière qui le soignait. Pendant ces 5 années, trois autres opérations ne furent que des palliatifs mo­mentanés, retardant seulement l'issue fatale, mais prolongeant aussi de grandes souffrances. Dans cette dure épreuve, Mgr Sélim s'est toujours montré admirable de foi et de courage, édifiant profon­dément son entourage, à Haifa puis à Jérusalem et enfin à l'hôpital de Bethléem où il a passé ses deux derniers mois, plus proche des siens. Ses parents et tout spécialement Sœur Judith, des Sœurs du Rosaire, se sont relayés à son chevet. Des crispations du visage ou des mains, mais pas de plaintes, révélaient ses souffrances. Mgr Bel­rritti encore coadjuteur, venait presque chaque jour le voir à Beth­léem, même pendant la maladie du Patriarche, et lui donnait un jour un télégramme du Vatican qui lui portait le réconfort d'une béné­diction apostolique du Saint Père. La veille de la mort, il lui a amené Mgr Simaan et Mgr Kaldany. Le jour de la mort, il est venu jusqu'à trois fois le réconforter. Mgr Sélim, littéralement vidé de sa substance par le cancer, est resté jusqu'au bout lucide, admirable de foi, sup­portant avec courage ses souffrances mal adoucies par les calmants. «Vous êtes Moïse priant pour tout le Patriarcat» lui disait-on. Mais lui, avec humilité et esprit de foi, demandait toujours la bénédiction et les prières de chacun de ses confrères qui le visitaient. Tous ceux qui le connaissaient et l'appréciaient tant ont eu vraiment conscience qu'en lui le Patriarcat perdait le trésor d'une grande âme surnaturelle.

Mgr Sélim a voulu être inhumé au petit cimetière du séminaire patriarcal. Les obsèques, qui ont eu lieu l'après-midi du samedi 28 novembre, ont rassemblé une grande foule à la messe célébrée par D. Abdelnour, le curé de Beit Jala, devant les parents, amis, le séna­teur, le député et le maire, beaucoup de confrères aussi, restés après les obsèques du patriarche Gori. Au chœur avaient pris place, avec l'archimandrite orthodoxe, L. L. E. E. Mgr Kaldany et Belrritti. Avant l'absoute qu'il a donné lui-même, le nouveau Patriarche a pris la parole en arabe pour faire avec émotion l'éloge funèbre de ce saint prêtre de si grands mérites. Il a rappelé aussi que lui-même, arrivant nouveau séminariste à Beit Jala en 1926, y avait été accueilli par D. Sélim, avec une gentillesse dont il gardait toujours le vivant sou­venir. Au cimetière du séminaire, M. Hanna Chomali, qui avait été un des maîtres employés par D. Sélim, a fait aussi un éloge chaleureux de la haute conscience sacerdotale de l'ancien directeur des écoles du Patriarcat. Mgr Sélim Hadweh aura ainsi laissé vraiment à tous le souvenir et l'exemple d'un véritable homme de Dieu, d'un mission­naire très zélé et d'un prêtre de grande culture religieuse.