Logo
Donate Now

1927 Mgr Michel Karam (1903-1979)

Né: 8.10.1903 à Nazareth

Études:

  • 16.4.1921: Rejoint le Séminaire du Patriarcat latin
  • 10.1921: Il a commencé à étudier la philosophie
  • 3.2.1924: Les Premiers Ordres Mineurs par S.B. le Patriarche Louis Barlassina
  • 9.11.1924: Les Derniers Ordres Mineurs par Mgr Kean à Beit Jala
  • 9.1.1927: Le Diaconat par S.B. le Patriarche Louis Barlassina à Beit Jala

Ordination: 16.4.1927 par S.B. le Patriarche Louis Barlassina au Saint-Sépulcre à Jérusalem

Nominations & Activités:

  • 1927: Professeur au Séminaire du Patriarcat latin
  • 25.7.1927: Vicaire de la paroisse de l'Immaculée Conception à Hoson avec le curé P. Choukri Srour
  • 29.12.1928: Administrateur de la paroisse de l'Immaculée Conception à Hoson, en Jordanie jusqu'au 25.1.1933
  • 18.10.1931: Curé de la paroisse de l'Immaculée Conception à Hoson, en Jordanie jusqu'au 25.1.1933
  • 25.1.1933: Curé de la paroisse Saint-Michel-Archange à Smakieh, en Jordanie jusqu'au 16.1.1937
  • 13.2.1937: Curé de la paroisse du Cœur Immaculé de Marie à Fuheis, en Jordanie jusqu'au 4.8.1940
  • 4.8.1940: Curé de la paroisse Notre-Dame du Rosaire à Kérak et d'Ader, en Jordanie jusqu'au 2.5.1949
  • 2.5.1949: Curé de la paroisse de la Sainte-Famille à Ramallah, en Palestine jusqu'au 9.8.1953
  • 17.3.1951: Investi Chanoine du Saint-Sépulcre
  • 17.4.1952: Célébration de son jubilé d'argent sacerdotal avec de ses trois confrères au Saint-Sépulcre à Jérusalem
  • 9.8.1953: Curé de la paroisse Notre-Dame de l'Annonciation à Beit Jala, en Palestine jusqu'au 4.8.1961
  • 17.10.1961: Curé de la paroisse Saint-Joseph à Shefamar, Israël jusqu'au 21.6.1968
  • 8.1968: Catéchiste à Nazareth
  • Responsable des émissions carboliques de Radio Israël
  • 1971: Assistant du Patriarcat latin à Nazareth auprès de Mgr Hamma Kaldany
  • 16.2.1972: Membre des communications sociales
  • 22.3.1976: Chapelain d'honneur
  • 23.4.1977: Célébration de son jubilé d'or sacerdotal à la Pro-cathédrale

Mort: 5.5.1979 à Nazareth, à l'âge de 75 ans

Enterré: 7.5.1979

Mgr Michel Karam, de Nazareth, était le doyen d'âge du clergé patriarcal. Il était encore en pleine activité à 76 ans quand le Seigneur l'a rappelé à lui soudainement, le 5 mai dernier, alors qu'il était venu s'acquitter, avec une hâte qui a pu amener sa fin, d'un dernier acte de charité. Après son service ordinaire au Vicariat patriarcal chez S.R Mgr Kaldany, Mgr Karam était revenu à son aumônerie des Sœurs de Saint ­Charles, sous le Carmel. C'est là que venait le chercher un Frère de Béthar­ram; son supérieur, le R.P. Jeangrand pris d'une crise dangereuse, demandait à Mgr Karam de venir lui donner l'onction des malades. Toujours zélé, et pour un tel ami, Mgr Michel partait aussitôt, faisant trop rapidement, pour son cœur atteint, la montée fort raide. Voyant dans la chambre du rna­lade docteur et infirmières, il continuait son chapelat en main, vers la petite chapelle de la résidence où il revêtait un surplis et cherchait les saintes huiles. Le Frère qui l'y avait accompagné était à peine sorti de la chapelle qu'il l'entendait tomber; il revenait immédiatement et le trouvait déjà inanimé. Il appelait aussitôt docteur et infirmières tout proches qui accouraient et tentaient, mais inutilement, tous les moyens de réanimation. Un prêtre belge de passage lui donnait l'onc­tion des malades ainsi qu'au R.P. Jeangrand. S.E Mgr Kaldany aussitôt appelé le retrouvait déjà mort, alors que le malade pour lequel il était venu était transporté à l'hôpital.

Ce dernier acte de dévouement fraternel de Mgr Michel était un digne couronnement d'une vie sacerdotale très zélée et exceptionnellement remplie. Il était né à Nazareth le 8 octobre 1903, l'aîné d'une famille très chrétienne. Une de ses sœurs est des Sœurs du Rosaire, et ­un de ses frères est capucin au Liban. Un oncle paternel. portant même nom, D. Michel Karam (1857-1936), avait été prêtre du clergé patriarcal, mort, subitement aussi, en 1936.

Michel fut élève des Frères des Écoles chrétiennes à Nazareth. Lors de la réouverture du séminaire de Beit Jala après la Première Guerre mondiale par le patriarche Barlassina, Michel y arriva aussitôt et y commença sa philosophie le 16 avril 1921. Il s'y joignait à un petit groupe de séminaristes italiens que le Patriarche avait amenés de Turin pour relancer son séminaire. D. Michel fut ordonné prêtre le 16 avril 1927 au Saint-Sépulcre, par Mgr Barlassina, avec ses condisciples D. Vergani (+ 1960), Merlo (+ 1977), D. Joseph Longo (+ 1969) et Mgr Gorla.

Après être resté pendant un an comme professeur au petit séminaire, alors tenu par les Pères Bénédictins de la Dormition, il fut vicaire 18 mois de D. Srour à Hoson. Il le remplaça comme curé de cette paroisse, de décembre 1928 à janvier 1933. Il fut transféré alors au sud de la Transjordanie à la paroisse de Smakieh où il succéda à D. Théodore Maat, hollandais fort original mais polyglotte qui venait d'être nommé chancelier à Jérusalem. De Smakieh, D. Michel passa, quatre ans plus tard, à la paroisse de Fuheis qui avait pris de l'extension et dont on venait de construire l'église. Les remaniements de clergé nécessités par la guerre le firent nommer en septembre 1940 à la paroisse de Kêrak, proche de Smakieh. Il y paracheva l'aménagement de l'église, construite par son prédécesseur anglais D. Hanna Dunne, comme lui, aidé par ses paroissiens à qui donnait l'exemple l'admirable Khalil Akasheh. Comme il l'avait déjà fait à Smakieh et Fuheis, D. Michel, aidé des Sœurs du Rosaire, developpa avec beaucoup de zèle les confréries féminines pour la formation des mères chrétiennes. On a estimé que son tempérament, qui pouvait être fort strict, était accordé à la mentalité rigide aussi de ces paroissiens du sud. Il y eut plus de succès que dans celles, plus évoluées, de Palestine. Avec la guerre de 1940, il eut à expérimenter à Kérak, où son prédeccesseur avait été très influent, l'explosion de sentiments hostiles de fonctionnaires fanatiques admettant difficilement que le souverain pût avoir des sujets chrétiens, de droits égaux à ceux des musulmans.

En janvier 1949, D. Michel était transféré en Palestine à la paroisse de Ramallah où il connut ainsi les débuts du régime jordanien. En juin 1950 au moment où cette paroisse, subitement grossie par l'afflux de réfugiés de la plaine atteignait les 2100 fidèles, D. Karam accueillit solennellement le nouveau Patriarche, Mgr Gori pour sa première visite pastorale, Il se trouva aussi responsable du Collège patriarcal Ahlyah, aidé d'ailleurs par des vicaires successifs, D. Samandar, puis D. Louis Makhlouf, ainsi que par les Sœurs de Saint-Joseph qui tenaient l'école des filles et s'occupaient des œuvres féminines.

En juillet 1953, D. Michel était transféré à Beit Jala, qui avait été en date la première paroisse du clergé patriarcal, ouverte en 1853. Il allait y rester 8 ans et y signaler son passage par beaucoup d'initiatives, de succès variables. Comme un prédécesseur 25 ans plus tôt, il entendit changer dans l'église la place respective des hommes et des femmes, comme aussi l'emplacement des confessionaux et la niche de la Vierge. C'était vraiment trop pour les paroissiens de Beit Jala. La tradition locale et l'obstination de ses ouailles finirent par avoir raison de ses principes. Il fut plus heureux avec les aménagements des locaux du presbytère, logement du curé et nouveau divan, où il pouvait agir en patron. Avec le même zèle qu'ailleurs il s'occupa des confréries féminines, aidé en cela par les Sœurs de Saint-Joseph qui, à Beit Jala comme à Ramallah, tenaient l'école des filles, le dispensaire et les œuvres féminines. Il jumela aussi les fêtes du centenaire de la paroisse et du séminaire. Mais c'est surtout à Beit Jala qu'il mena à bonne fin sa remarquable série de cathéchismes en arabe, pour les cours du secondaire.

En octobre 1961, à 58 ans, après ses deux phases pastorales de Transjordanie et de Palestine, D. Michel allait commencer la troisième et dernière phase, galiléenne, de sa vie sacerdotale. Il était nommé à Chefamar, dont la paroisse avait été fondée en 1876, mais dont l'église n'avait été construite qu'en 1956, après que l'ancienne, la chapelle des Dames de Nazareth, était devenue melkite en 1954. Avec une paroisse très modeste, D. Michel eut tout le temps de soigner les rééditions de ses 6 textes de catéchisme qui connaissaient partout un vrai succès. En 1968, il était rappelé dans sa ville natale de Nazareth et y devenait ]' aumônier des Sœurs de Saint-Charles. Pendant trois ans sa compétence catéchétique et sa vaste culture religieuse étaient aussi mises à contribution pour les cours que Mgr Kaldany avait or­ganisés au bénéfice des Religieuses du district. A partir de 1971 D. Michel vint aussi assurer au Vicariat le secrétariat de S.E. Mgr Kal­dany, un office qu'il allait remplir jusqu'à la fin avec une ponctualité, une fidélité et une discrétion exemplaires.

Curé très zélé et profondément soucieux de la catéchèse de ses paroissiens, D. Karam, au contact avec les besoins des écoles importantes de Palestine, n'hésita pas à entreprendre un cours d'instruction religieuse en arabe pour le secondaire. Pendant son séjour à Beit Jala, il réussissait à mener à bien ce travail important. Le premier fascicule, La Lumière de la vie, couvrant le dogme, suivant la division alors classique, parut en 1954. Le second « Le chemin de la vie » paraissait en 1955 et les autres suivaient successivement : « L'eau de la vie » (les sacrements), « L'ornement de la vie » (les vertus) ; « Les problèmes de la vie » (apologétique) et enfin « Parole de vie » (la Sainte Écriture) en 1960. La présentation de ces petits volumes – édités au prix imbattable de 10 piastres par un de ses parents de Jérusalem, M. Karam – était remarquable. Chaque leçon comprenait un texte évangélique, un exposé, un questionnaire, des lectures, des traits historiques, une application et, dans la suite, des illustrations. Le texte était en arabe limpide et alerte. Le succès en fut immédiat dans le pays et au-dehors. Cette série méritait bien l'éloge qu'en faisait le Pa­triarche Beltritti dans un article sur l'enseignement religieux dans le diocèse (JERUSALEM 1975, 17) : « Le style était alerte, l'exposition claire et concise, les leçons brèves et bien conçues… » Ces textes réédités plusieurs fois eurent une grande diffusion tant dans le diocèse de Jérusalem qu'à l'étranger. D. Karam avait eu grand mérite de préparer seul, rapidement, cette série de fascicules de valeur et au moment favorable, en attendant la révolution post-conciliaire qui n'a pu fournir encore un nouveau texte satisfaisant.

Depuis plus d'une dizaine d'années aussi, dès qu'il avait été en Galilée, D. Michel était encore devenu l'animateur intelligent et infatigable des émissions religieuses à Radio Israël. Il y aura été aidé par un fonctionnaire musulman, M. Abou Jarir. Celui-ci avait été conquis par la gentillesse de Paul VI, qui l'avait reçu en audience avec sa femme et un de ses enfants. Cette émission passe chaque second dimanche du mois, de 11.45 à 12.30. Aidé par M. Abou Jarir et ses techniciens, D. Michel la faisait enregistrer tour à tour dans l'une des paroisses latines d'Israël. Il l'avait conçue très intelligemment, en célébration de la parole, organisée en cours de moments distincts qui en maintenaient vif l'intérêt : un court exposé sur un sujet, ou la fête ou le lieu ; l'épître, lue par une personne de la paroisse ; l'évangile, chanté par le curé ; une courte homélie ; les nouvelles religieuses du diocèse, des dialogues, le tout coupé de chants par les chorales locales. Ces émissions étaient très écoutées et goûtées, même dans les pays voisins. De partout, on en témoignait appréciation et reconnaissance à Mgr Karam.

Mgr Michel Karam aura été ainsi une très remarquable figure du clergé patriarcal. On comprend que le patriarche Gori l'ait nommé chanoine du Saint-Sépulcre en 1951 et que le patriarche Beltritti lui ait obtenu, pour son jubilé d'or, célébré le 23 avril 1977, le titre de monseigneur, comme chapelain d'honneur de Sa Sainteté. Original certes et pouvant se montrer intransigeant, Mgr Karam était avant tout homme de Dieu, prêtre très zélé, apôtre de grande valeur par son zèle et sa riche culture ecclésiastique. Il fut aussi toujours homme de total dévouement, dans ses ministères de curé puis à Nazareth pour son évêque, les communautés religieuses et spécialement l'hôpital des Frères de Saint-Jean de Dieu. On peut comprendre dès lors l'unanimité de l'hommage au jour de ses obsèques, le 7 mai. Elles ont été présidées par S.E. Mgr Kaldany qui dans son homélie a ex­primé avec beaucoup de cœur ses sentiments personnels, ceux de ses confrères, accourus nombreux, et ceux de ses compatriotes qui rem­plissaient la basilique de l'Annonciation. La dépouille de Mgr Karam a été pieusement ensevelie au caveau franciscain du Trémor.