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1863 Can. Joseph Tannous (1838-1892)

Né: 1.11.1838 à Nazareth (appelé aussi Gaudenzio)

Études:

  • 10.1849: Ghazir aux Jésuites, Liban
  • 1952: Rejoint le Séminaire du Patriarcat latin
  • 1953: Rejoint le Grand Séminaire du Patriarcat latin

Ordination: 30.5.1863 par S.B. le Patriarche Giuseppe Valerga au Calvaire à Jérusalem

Nominations & Activités:

  • 1863: Professeur et préfet du Séminaire du Patriarcat latin
  • 1866: Secrétaire Délégation de Beyrouth
  • 1868: Chancelier du Patriarcat latin
  • 1870: Entrée en Théologie de Mgr Giuseppe Valerga au Concile du Vatican
  • 8.1.1871: Investi Chanoine du Saint-Sépulcre
  • 11.1972: Accompagne Valerga à Salt
  • 1874: De Nazareth
  • 24.7.1880: Fonde Sœurs du Rosaire
  • 1880: Chef des Latins jusqu’en 1890
  • 1887: S.B. le Patriarche Vincenzo Bracco approuve les Sœurs du Rosaire
  • 2.6.1892: Quitte Jérusalem malade (sydropique) pour la Galilée (Tibériade & Nazareth)

Mort: 30.9.1892 à Nazareth, à l'âge de 54 ans

Enterré: Crypte des Sœurs du rosaire à Mamilla (Jérusalem)

Écrits:

  • Biographie en arabe, 1926, Y. Amshiti, Imprimerie du Patriarcat latin
  • Eloge funèbre P. Séjourné 1892 (bibl. Patr. II W.V. 241)
  • Biographie en arabe, P. William Chomali, 1994

Le Chanoine Joseph Tannous Yamini descendait d'une famille profondément catholique du Mont Liban. Depuis plusieurs siècles, ses ancêtres avaient quitté Ehden pour s'établir à Nazareth ; et c'est là que naissait le 1er novembre 1838 de Tannous Khalil Yamini et Wardeh Boutros un enfant qui reçut au baptême le nom de Joseph.

À peine âgé de sept ans, il commença à fréquenter l'école des RR. PP. Franciscains, où il trouva une atmosphère de piété simple et vive, bien en rapport avec ses dispositions naturelles. Ses condisciples se rappellèrent longtemps avec édification sa docilité, sa modestie, son air déjà grave et recueilli, ses talents naturels et surtout son application extraordinaire pour apprendre les prières, le catéchisme et les premiers éléments de la science.

Tout naturellement, on retrouva en lui le caractère spécial des jeunes âmes destinées au service de Dieu. Sa récréation préférée était d'élever de petits autels, de les orner le mieux possible avec des images de Notre-Seigneur, de la Sainte Vierge et des Saints. Non content de cela, il voulait faire partager sa dévotion à ses camarades. Aussi, bien grand fut son bonheur le jour où il put se procurer une clochette ! Il s'en servait pour convoquer chaque jour les autres enfants de son quartier, et il les invitait à venir aux pieds de ses petits autels réciter leurs prières en commun, chanter le Tantum ergo et les autres hymnes apprises à l'école.

L'appel de Dieu

À la fin de l'année 1847, Pie IX, de grande et sainte mémoire, rétablissait le Patriarcat latin de Jérusalem.

Dans les premiers mois de l'année 1848, Mgr Joseph Valerga prenait possession du diocèse patriarcal de Jérusalem. De tous les points de la Palestine, les catholiques vinrent à Jérusalem offrir leurs hommages au nouveau Pasteur que la Sainte Église leur envoyait. Parmi les premiers accourut le chef des Latins de Nazareth, Tannous Khalil. Il amenait avec lui son petit Joseph, ne soupçonnant guère sans doute l'influence que cette démarche aurait sur l'avenir de l'enfant.

Malgré le jeune âge de ce dernier, qui avait à peine 10 ans, Mgr Valerga fut frappé de l'attitude, des dispositions remarquables et des qualités déjà réelles de cet enfant. Il manifesta au Père le désir qu'il avait de le compter au nombre de ses séminaristes.

Grâce à l'esprit de foi qui ranimait, le père reconnut la voix de Dieu dans celle de son pasteur, et il répondit volontiers à son appel.

Quant à Joseph, on peut facilement le deviner : grande fut sa joie, à lui qui jusqu'ici n'avait eu d'autre désir que de prier Dieu, d'étudier sa doctrine dans le catéchisme et d'imiter les fonctions sacerdotales. Il pouvait déjà entrevoir le jour béni où la réalité succéderait à la figure, le véritable autel au petit autel de la maison paternelle.

Séminariste

Comme Mgr Valerga n'avait pas encore pu établir son séminaire dans la ville sainte, Joseph Tannous partit en 1849 avec quelques autres pour le collège de Chazir (Liban) dirigé par les Pères de la Compagnie de Jésus.

Pendant les trois années qu'il y passa, appliqué à l'étude de l'arabe, du français et du latin, sa piété, loin de souffrir de ces occupations, grandit encore, sa vertu s'affermit de plus en plus et revêtit ce caractère plus énergique qui fait le charme de l'adolescent.

En 1852, le Séminaire patriarcal de Jérusalem était fondé. Les séminaristes de Mgr Valerga quittèrent Ghazir pour s'y rendre. Pendant neuf ans, passés en partie à Jérusalem et en partie à Beit Jala, le jeune Tannous poursuivit l'étude des langues, puis celle de la rhétorique, de la philosophie, de la théologie, de l'histoire ecclésiastique et de l'Écriture sainte. Tous ceux qui l'ont connu témoignent qu'il fut toujours un des meilleurs élèves. Son application, jointe au talent remarquable dont il était doué, lui assurait le sucees, oui, sans doute! mais surtout cette jus­tesse, cette rectitude d'esprit et cette pureté de cœur si nécessaires à l'étude des choses de Dieu.

Prêtre du Christ

Pendant ces neuf années, il franchit successivement tous les degrés qui mènent au sacerdoce et fut constamment, sans faiblesse ni relâche, le modèle du bon séminariste ; d'une douceur inaltérable pour ses condi­sciples, d'une candeur d'enfant, d'une gravité imposante sans affectation, d'une obéissance scrupuleuse aux moindres désirs de ses supérieurs et à la dis­cipline ecclésiastique ; toujours calme et tranquille, toujours égal à lui-même.

Le 30 mai 1863, il reçut des mains de Mgr Valerga l'onction sacerdotale. La beauté de son âme était peinte sur son visage. Son attitude modeste et recueillie, sa ferveur étaient telles qu'elles arrachaient de douces larmes de joie aux assistants et au Pontife lui-même.

Quant aux émotions et aux transports de sa première messe, voici le témoignage d'un témoin oculaire, D. Jean Khalil Marta, prêtre du Patriarcat et son condisciple au séminaire : «J'ai eu le bonheur de lui ser­vir la première messe qu'il célébra le dernier jour du mois consacré à Marie, en la fête de la T.S. Trinité, et de recevoir de ses mains la Ste, Eucharistie; je fus témoin de la ferveur extraordinaire et de la dévotion avec laquelle il célébra pour la première fois le divin sacrifice sur le Calvaire même, des larmes d'amour et de tendresse qui s'échappaient de ses yeux, de cette voix tremblante d'émotion avec laquelle il prononçait les paroles de la Sainte Liturgie!».

Préfet de discipline et professeur au séminaire

Le nouveau prêtre fut tout d'abord nommé préfet de discipline au séminaire patriarcal. C'est une fonction délicate, qui exige un ensemble de qualités souvent difficiles à trouver : douceur et fermeté, calme et énergie, justice impartiale et bonté condescendante. D. Tannous possédait tout cela, et il s'acquitta de sa charge à la satisfaction générale.

En même temps, il trouva le temps d'enseigner aux Séminaristes le chant grégorien et la musique sacrée. Son but était d'augmenter la beauté du culte et de procurer une plus grande gloire à Dieu.

Son amour pour la Sainte Écriture, un désir de la faire saisir aux autres, lui fit entreprendre l'enseignement de la langue hébraïque. Pendant ses études, il avait surpassé tous ses condisciples dans la connaissance de cette langue. Il avait continué à l'étudier afin de pouvoir méditer l'Écriture sainte dans le texte original. Si quelqu'un doutait de sa science biblique et théologique, il lui suffirait de se rappeler les innombrables instructions, toujours si nourries de doctrine, qu'il adressait aux congrégations fondées par lui, et surtout les sermons et les homélies vraiment remarquables qu'il a prêchés en divers endroits et laissés par écrit.

Secrétaire de la Délégation Apostolique de Syrie et chancelier du Patriarcat Latin

Mgr Valerga reconnut vite qu'il ne s'était pas trompé lorsqu'il avait demandé au chef de Nazareth de lui donner son enfant pour en faire un prêtre. Il constata de plus en plus qu'il avait acquis un précieux auxiliaire et, les aptitudes l'emportant sur l'âge, en 1866, alors que D. Tannous n'avait encore que 28 ans, il le nomma secrétaire de la Délégation apostolique de Syrie et, en 1868, chancelier du Patriarcat.

Dans un poste comme dans l'autre, il sut se concilier l'estime de tous par sa justesse de vue et sa bonté, unies d'une façon merveilleuse.

Il était devenu le compagnon inséparable du patriarche dans les visites pasto­rales du diocèse, y compris l'île de Chypre, dans les af­faires de la Délégation apostolique de Syrie, où il devait et où il sut se concilier l'estime et l'amour des évêques, archevêques et patriarches orientaux.

 Compagnon de voyage de Mgr Valerga à Rome en 1867, au 18ème centenaire des SS. Apôtres Pierre et Paul, puis en France, en Autriche, en Belgique, en Espagne, à Athènes et à Constantinople, il le fut de nouveau comme secrétaire et théologien pour le concile œcuménique du Vatican. En somme on pouvait dire de lui qu'il était le bras droit de Mgr Valerga, comme ce dernier était lui-même en Orient le bras droit du Souverain Pontife.

Partout, ce prêtre aux manières à la fois si simples et si grandes, si dignes d'un ecclésiastique, laissait la meilleure impression. La Reine d'Espagne et le Sultan l'honorèrent de leurs décorations ; mais son humilité l'empêcha toujours d'en faire ostentation.

C'est encore son humilité qui plus tard fut cause qu'il ne fût pas donné suite à des vues qu'on avait sur sa personne pour une très haute dignité. Tout au plus voulut-il accepter le canonicat du S. Sépulcre que Mgr Valerga lui conféra en 1871.

Chef spirituel des Latins

Plus tard, Mgr Vincent Bracco, qui l'avait confirmé dans la charge de chancelier, le nomma en 1880 chef spirituel des catholiques latins et son représentant auprès du gouvernement turc. II remplit ce rôle, très important à cette époque, pendant dix ans avec un dévouement, une prudence et une dignité parfaite.

Fondateur d'associations pieuses

II est une grandeur encore plus honorable pour un prêtre: c'est celle qu'il acquiert, à son insu, par les œuvres de zèle qu'il entreprend pour le bien des âmes.

De ce zèle, D. Tannous était dévoré. Mais retenu à Jérusalem par l'obéissance, loin des missions dans les campagnes et au-delà du Jourdain, où il eût été si heureux de se dévouer, il découvrit le moyen de devenir l'apôtre et le missionnaire de la Cité sainte lui-même.

II y fonda deux associations pieuses, une pour les jeunes filles sous le vocable de l'Immaculée Conception et l'autre pour les mères chrétiennes, affiliées à l'archiconfrérie de Paris fondée par le R. P. Théodore Ratisbonne.

De la sorte, il put désormais faire du bien aux âmes, les instruire par l'explication simple et lumineuse du catéchisme, par des prédications solides et de brûlantes exhortations, par une direction sage et suivie.

Fondateur de la Congrégation du Rosaire

Ce n'était pas encore assez pour son zèle. Il lui fallait davantage. Aussi Dieu lui réservait une œuvre de choix, une de ces œuvres pour lesquelles il faut une âme d'élite, une âme simple, droite, généreuse, grande. D. Tannous avait cette âme et il fera cette œuvre de choix, à savoir la fondation d'une nouvelle famille religieuse. D'un même coup il allait retirer du monde des jeunes filles arabes exposées à tous les dan­gers, à toutes les séductions, et il allait en faire les apôtres des campa­gnes de la Palestine.

De tous les côtés, les difficultés se dressent : les traditions du pays s'opposent à ce projet ; les familles des futures postulantes encore davantage ; les ressources font complètement défaut ; des amis plus ou moins sincères exagèrent encore les obstacles. Certes, il en fallait moins que cela pour affaiblir un courage ordinaire. D. Tannous ne faiblit pas : il a retenu la parole de St. Paul : « Omnia possum in eo qui me confortat » (Philipp. 4, 13). C'est l'Esprit de Dieu qui l'anime, il triomphera ; la charité qui le remplit supportera tout et remportera la victoire.

Les Sœurs du Rosaire

Elle fut complète. Le 24 juillet 1880, avec l'approbation et l'en­couragement de Sa Béatitude Mgr Vincent Bracco, dans une petite mai­son, non loin de l'église Saint-Sauveur (Dar Hegeige) une nouvelle com­munauté de Sœurs indigènes était fondée à Jérusalem. Elle porta dès le début le nom de «Sœurs du Rosaire».

D. Tannous, originaire de Nazareth, n'avait pas oublié l'Ave Maria qu'il avait répété si souvent dans son enfance à l'endroit même où l'ange Gabriel l'avait dit pour la première fois. Depuis son entrée au séminaire, il récitait chaque jour les quinze dizaines du Rosaire, et il devait rester fidèle à cette pratique jusqu'à la mort.

Tout naturellement, presque par instinct, c'est à la Reine du Rosaire qu'il voulut consacrer sa famille spirituelle. Désormais, ses filles n'auront plus à leur cou et sur elles d'autres bijoux que le rosaire. Le Rosaire en main, elles iront à travers la Pa­lestine se dévouer à l'éducation des enfants, à la con­version des schismatiques et porter partout l'amour de Jé­sus et de Marie.

Après un an et demi d'épreuves et de privations, Mgr Bracco mit à la disposition de la communauté une autre maison plus proche de l'église concathédrale. Le 15 décembre 1881, dans sa chapelle privée, le Patriarche imposait aux cinq postulantes, qui depuis les origines avaient fait partie de la communauté et aux trois autres qui s'y étaient jointes ensuite, l'habit de la Congrégation, cette simple robe bleu foncé qui, avec la guimpe blanche et le voile noir, fait un costume aussi seyant que modeste.

En 1884, un noviciat régulier fut établi. La même année les Sœurs du Rosaire pouvaient commencer leur œuvre apostolique. La première fondation se fit à Naplouse (1884). Zababdeh vit la seconde fondation (1884). Birzeit et Jaffa de Nazareth furent fondées en 1885; Beit Sa­hour et Fouheis en 1886, Salt en 1887.

La maison-mère

D. Tannous continuait toujours son œuvre de formation religieuse et d'assistance paternelle à la congrégation naissante. En 1887, il achevait le Règlement qui porte l'empreinte de sa piété, de sa prudence et de son esprit surnaturel. Il voulut en même temps pourvoir la congrégation d'une maison-mère convenable, en vue d'y établir le noviciat et d'y édifier une église en l'honneur de N .D. du Rosaire.

Sa première idée avait été de s'établir dans l'intérieur de la ville. Il semblait tout naturel en effet de se rapprocher le plus possible des sanctuaires où s'accomplirent les grands mystères de la mort et de la résurrection de Notre-Seigneur. Mais par des circonstances indépendantes de sa volonté, D. Tannous ne put réaliser son projet. Il fit alors (1887) l'acquisition pour 24.000 francs d'un terrain de 10670 mètres carrés hors de la ville, non loin des remparts, dans le nouveau quartier de Mamilla.

Le 1er mai 1889, il entreprit la construction de la nouvelle Maison-mère. Mais par manque de ressources, les travaux furent souvent arrêtés, si bien que, trois ans après, en 1892, il n'y avait à peine qu'une partie d'achevée. Le Fondateur n'eut même pas la joie de célébrer la Sainte Messe dans la chapelle provisoire. Le bon Dieu l'appelait déjà à récompense éternelle.

Dernière maladie et mort

Une grave maladie l'oblige au repos complet. Les médecins lui conseillèrent d'aller le prendre dans sa ville natale, à Nazareth. Il quittait donc Jérusalem le 2 juin 1892 et il ne devait plus y revenir. Malgré une apparente amélioration survenue, il fallut bientôt abandonner tout espoir.

L'avant-veille de sa mort, 28 septembre, se préparant à recevoir la sainte communion, il paraissait chercher quelque chose: «Quee désirez-vous, mon Père?» lui dit une des Sœurs du Rosaire qui était présente. Il répondit: «Je ne désire rien d'autre qu'un cœur bien grand et telle­ment vaste qu'il puisse contenir le monde entier afin d'aimer mon Dieu comme il faut. 0 merveille! le souverain Seigneur du ciel et de la ter­re daigne venir en personne me visiter et se faire l'aliment d'un homme misérable comme je suis!».

Pendant les deux derniers jours, il sembla tout transfiguré, la douceur et l'affabilité se lisaient sur ses traits. Il répétait souvent : « Fiat voluntas tua. » Fixant les yeux sur une image de N.D. du Rosaire suspendue à son lit, il s'entretenait avec elle, et une fois on l'entendit dire à haute voix : « Marie, dimanche, je viendrai célébrer la fête de votre Rosaire au Paradis ! »

Le jeudi 29 septembre, veille de sa mort, il dit adieu à tous, puis, embrassant d'un seul regard les religieuses du Rosaire qui l'assistaient, il leur dit : « Dieu veut que je quitte ce monde. » Que sa volonté soit faite ! De ses mains, j'accepte volontiers la mort. Ayez confiance en Dieu. Il ne vous abandonnera pas. Je vous remets entre les mains de Notre-Dame du Rosaire, soyez sûrs qu'elle vous protégera et vous assistera. Dans le ciel, je pourrai vous être beaucoup plus utile que sur la terre.

Puis se tournant vers la Révérende Mère Supérieure: "Montrez-­vous vraiment la mère de toutes les Sœurs inculquez-leur de ma part l'exacte observance des Règles et de la vie selon l'esprit religieux que je souhaite être de plus en plus florissant dans la Congrégation ... Main­tenant recevez ma dernière bénédiction que je vous donne de tout cœur, à vous, Mère Supérieure, et à chacune des Sœurs présentes ou absentes ... Priez pour moi, et moi je ne vous oublierai jamais».

Il reçut ensuite le sacrement de l'Extrême-Onction, puis il supplia de faire exposer le T.S. Sacrement dans l'église voisine des Maronites et d'y donner la bénédiction à ses intentions, c'est-à-dire afin qu'il pût faire une sainte mort.

Sa vieille mère plus que nonagénaire pleurait auprès de son lit. Avec une simplicité d'enfant, il la supplie de le bénir, puis, se tournant vers les prêtres qui l'entouraient : D. Antoine Rizek, D. Choukri Saphieh, D. Antoine Danil : « Et vous, dit-il, donnez-moi votre bénédiction. » Ensuite, il reçut le Saint Viatique et s'entretint doucement avec son Seigneur.

Enfin, le vendredi 30 septembre au matin, comme il l'avait annoncé, pendant qu'un prêtre offrait le Saint Sacrifice pour lui et qu'un autre lui donnait une dernière absolution et lui suggérait ces paroles : « In manus tuas, Domine, commendo spiritum meum », il répéta : « In manus tuas… » Et, joignant l'effet aux paroles, il remit sa belle âme à Dieu. C'était la veille du mois du Rosaire.

Le samedi matin, 1er octobre, des funérailles très solennelles lui étaient faites à l'église paroissiale de Nazareth. Toute la ville était venue rendre hommage à sa noble et sainte grandeur et accompagner sa dépouille mortelle jusqu'au cimetière des RR. PP. Franciscains.

Selon le désir qu'il avait exprimé dans son testament, en 1899 ses restes mortels furent exhumés et transportés à Jérusalem et placés dans la crypte de la future église de N.D. du Rosaire à la Maison-mère. Depuis l'année 1937, ils reposent dans la belle église qui a été entre temps érigée sur la crypte.