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1913 Jean MarcHadour (1888-1966)

Né: 10.4.1888 à Gourin (Pontivy, France)

Études: 20.11.1905: Rejoint le Petit Séminaire du Patriarcat latin

Ordination: 2.7.1913 par S.E. Louis Piccardo à la Pro-cathédrale du Patriarcat latin de Jérusalem

Nominations & Activités:

  • 10.1913: Vicaire de la paroisse de l'Assomption de Notre-Dame à Salt avec le curé P. Antoun Abedrabbo
  • 8.1914: Retour en France
  • 20.1.1920: Retour au Patriarcat Latin de Jérusalem
  • 23.2.1920: Curé de la paroisse Le Sauveur au Puits de Jacob à Naplouse, en Palestine jusqu'à 4.1921
  • 2.1921: Curé de la paroisse de la Sainte-Famille à Ramallah, en Palestine jusqu'au 1.10.1925
  • 1.10.1925: Curé de la paroisse de Sacré Cœur à Naour, en Jordanie jusqu'au 14.10.1927
  • 1927: Dirige la construction de la première église en son temps de Naour
  • 15.12.1929: Curé de la paroisse Saint-Joseph à Shefamar, Palestine jusqu'au 4.7.1931
  • 4.7.1931: Curé de la paroisse Saint-Justin à Rafidia, en Palestine jusqu'au 4.5.1938
  • 1931: Dirige la construction de l'église en son temps de Rafidia
  • 4.5.1938: En résidence au Patriarcat Latin
  • En charge des archives de l'Ordre du Saint-Sépulcre
  • 19.4.1941: Curé de la paroisse Saint Jean l'Apôtre à Jaffa de Nazareth jusqu'au 31.1.1943
  • 31.1.1943: Aumônier militaire à Damas, Syrie
  • 1945: Retour en France
  • 1947: Autriche militaire en et Allemagne
  • 1950: Autriche militaire à Bühl
  • 1953: Incardiné La Rochelle, curé de Saint George-des-Bois

Mort: 27.12.1966 à Voiville, à l'âge de 78 ans d'un cancer

Enterré: 29.12.1966 à Saint Georges-du-Bois

Le 27 décembre 1966, s'est éteint, d'un cancer généralisé, D. Jean Marc'Hadour, longtemps missionnaire du Patriarcat latin. Il avait gardé un profond attachement à la Terre Sainte. À sa qualité de curé de Saint-Georges-des-Bois en Charente, il ajoutait sur sa carte de visite « Prêtre du Patriarcat latin de Jérusalem ».

Né le 10 avril 1885 à Gourin dans le Morbihan, ce Breton sentit de bonne heure l'appel à la vie missionnaire. Il entra à l'école apostolique des Pères du Saint-Esprit, repliée à Suze en Italie. C'est de là qu'il arriva, le 20 novem­bre 1905, à 17 ans, au séminaire patriarcal de Jérusalem avec ses deux camarades Fran­çois Jollec (1887 – 1946) et Henri Goutay (1888 – 1923). Ils trouvèrent au séminaire un autre Français, Léandre Girard (1890-1964) arrivé 6 mois avant eux. Ils furent ordonnés ensemble le 2 juillet 1913, avec D. Louis Odeh (1891-1925) de Birzeit.

D. Jean Marc Hadour fut affecté à Salt, avec D. Léandre Girard, comme vicaire de D. Antoun Abderabbo, homme de Dieu et missionnaire d'exceptionnelle valeur. De Salt, le jeune vicaire desservait ordinairement la succursale d'Amman, s'y rendant à Cheval tous les samedis et en revenant le dimanche. En septembre 1914, ces prêtres français furent mobilisés et rappelés en France. D. Marc'Hadour se trouva alors de santé si précaire qu'il fut refusé et put passer la guerre à faire du ministère en Bretagne.

Il revint en Terre Sainte le 20 janvier 1920. Il aurait voulu redevenir vicaire pour rafraîchir sa connaissance de l'arabe. Mais Mgr Barlassina le nomma curé de Naplouse, où il donna sussitôt des preuves de son zèle et de ses capacités. Au printemps de 1921, le Patrirache lui confiait la paroisse de Ramallah qui avait fort souffert de guerre. D. Marc'Hadour y rouvrit aussitôt l'école des garçons qui avait disparu. Il en eut tôt fait une école modèle, munie de tout l'élémentaire et de trois classes du secondaire. Le directeur de l'Éducation et même le Haut-Commissaire vinrent visiter cette école de Ramallah et féliciter son directeur. Le curé avait aussi organisé une troupe de Scouts et une fanfare. Il répara et embellit son église où il faisait des cérémonies très suivies. Mais en 1925, un accroc de santé le conduisit à l'hôpital. La suppression des cours secondaires de son école, faite en son absence, le remplit d'amertume. Quand il fut remis, il fut transféré à la mission de Naour.

De Naour, D. Marc'Hadour passa en 1927 à Chefamar et en 1931 à Rafidia, où il devait rester de longues années, mais sans plus y retrouver ses larges activités de Ramallah. Mgr Barlassina le ramena par la suite au Patriarcat. Il tint à la perfection les archives de l'Ordre du Saint-Sépulcre dont le siège était alors à Jérusalem. En avril 1941, il reprenait du ministère à Jaffa de Galilée. Il fut saisi par le charme de Nazareth tout proche. En 1966, alors qu'il était frappé à mort, il évoquait avec attendrissement ses fréquentes visites à Nazareth. « Ah, Nazareth, que c'était beau dans sa simplicité ! » On voyait la mère de Jésus dans tous les méandres de la rue allant à la fontaine, tenant son fils par la main jusqu'au jour où il se crut assez grand pour faire tout seul la corvée d'eau et ainsi soulager sa mère. Que de souvenirs de ce genre me viennent à l'esprit !

En 1941, D. Marc'Hadour avait été demandé pour une aumônerie militaire en Syrie. Mgr Barlassina ne le laissa partir qu'en 1943, lorsqu'il put le remplacer. Il resta deux ans aumônier des hôpitaux de la France Libre à Damas. Il dut à sa charité d'y avoir eu la vie sauve en certains mauvais jours de 1945. À son retour en France en 1946, il lui fut demandé de rester dans l'aumônerie militaire. Il y servit encore 7 ans en Allemagne, à Bühl et Kaiserlauter, partout fort apprécié pour sa loyauté de caractère et son zèle pastoral.

En 1953, il entra au diocèse de la Charente-Maritime. Il avait sollicité une petite paroisse. On lui en confia une importante, Saint-Georges-des-Bois, 1700 âmes avec son annexe de 300 fidèles à 8 km. Avec une auto, il en fit allègrement le service pendant 12 ans, restaurant les deux églises et, comme partout où il était passé, s'occupant avec amour du catéchisme. Aussi, un vicaire général en tournée de confirmation disait aux parents : « Contrairement à l'usage, je n'interrogerai pas les enfants parce que je sais qu'ici on apprend le catéchisme. » En 1963, il fêta ses noces d'or sacerdotales, en union d'esprit avec son condisciple Mgr Girard dont il fut très affecté d'apprendre la mort soudaine, à la fin de 1964.

Lui-même, vers Noël 1965, se sentait pris par son mal implacable. Malgré son exceptionnelle énergie, il devait abandonner sa paroisse au début de 1966 et subir une opération qui ne fut qu'un palliatif. Il se retira dans la maison de retraite du clergé, au domaine de Voiville à Saintes, capable encore quelque temps de circuler en auto, admirablement soigné désormais par les religieuses. À l'été de 1966, il ne cachait pas à un de ses amis de Palestine venu le voir qu'il se savait condamné. Il avait déjà disposé de toutes ses affaires. Il lui confiait quelques livres auxquels il tenait davantage. Comme l'attestaient les religieuses qui le soignaient, D. Marc'Hadour voyait venir la mort avec la résolution qui l'avait toujours caractérisé et un esprit surnaturel.

D. Marc'Hadour fut toujours un tempérament tout d'une pièce, un bloc de granit breton, d'une droiture qui ne souffrait pas de compromision, incapable d'habiletés qu'il ne souffrait pas non plus chez les autres. D'une énergie farouche, il était facilement ombrageux. On se souvenait à Rafidia, longtemps après son passage, d'un fameux coup de poing sur une table qu'il brisa net. Ses interlocuteurs importuns en restèrent impressionnés. Mais cet intraitable était aussi un cœur d'or, fidèle à ses amis. Toujours, mais tout particulièrement en sa dernière année de retraite douloureuse, sa pensée et son cœur revenaient en Terre Sainte. S'il avait connu des amertumes et des heurts fatals avec son tempérament si entier, il y avait ardemment travaillé 25 ans et éprouvé, comme il aimait le proclamer, des joies très profondes. La Terre Sainte lui avait vraiment pris son cœur.