Né: 15.7.1908 à Birzeit (Ramallah, Palestine)
Études:
- 17.11.1922: Rejoint le Petit Séminaire du Patriarcat latin
- 20.12.1928: La Tonsure et Les Premiers Ordres Mineurs
- 25.5.1929: Les Derniers Ordres Mineurs par S.E. Franz Fellinger, chapelle du Séminaire du Patriarcat latin
- 21.12.1929: Le Sous-Diaconat
- 30.5.1931: Le Diaconat
Ordination: 12.3.1932 par S.E. Franz Fellinger à la Pro-cathédrale du Patriarcat latin de Jérusalem
Nominations & Activités:
- 6.1932: Vicaire de la paroisse de l'Immaculée Conception à Hoson avec le curé P. Michel Karam
- 7.1932: Curé de la paroisse de l'exaltation de la Sainte Croix à Ermémin, en Jordanie jusqu'au 25.1.1933
- 25.1.1933: Curé de la paroisse de Visitation de Notre-Dame à Zababdeh, en Palestine jusqu'au 13.2.1937
- 13.2.1937: Curé de la paroisse Saint-Michel-Archange à Smakieh, en Jordanie jusqu'au 10.6.1940
- 10.6.1940: Curé de la paroisse de l'Immaculée Conception à Hoson, en Jordanie jusqu'au 22.8.1952
- 22.8.1952: Curé de la paroisse Saint-Paul à Ajloun, en Jordanie jusqu'au 15.7.1953
- 15.7.1953: Curé de la paroisse Saint-Pie X de Zerqa, en Jordanie jusqu'au 4.8.1961
- 22.5.1955: Début de la construction de l'église en son temps de Zerqa jusqu'au 20.4.1956
- 12.3.1957: Célébration de son jubilé d'argent sacerdotal à la Pro-cathédrale
- 1.12.1957: Ouverture la paroisse de Zerqa-Nord, en Jordanie (avec le P. Mario Furlan vicaire)
- 1960: Premier missionnaire à Zerqa-Nord
- 4.8.1961: Curé de la paroisse Le Sauveur au Puits de Jacob à Naplouse, en Palestine jusqu'à sa mort
- 19.12.1965: Investi Chanoine du Saint-Sépulcre
Mort: 21.2.1976 à l'hôpital français Saint-Joseph de Jérusalem, à l'âge de 68 ans
Enterré: 22.2.1976 à Birzeit
On savait Le Chanoine Émile Shehadeh en traitement sérieux pour une jaunisse, à l'hôpital Saint-Joseph de Jérusalem. Mais l'annonce de sa mort imprévue a été une douloureuse surprise pour ses amis et ses connaissances. Tous en effet appréciaient fort ce vétéran des missions du Patriarcat, prêtre tout modeste, usé un peu prématurément par son travail apostolique.
Né le 15 juillet 1908 à Birzeit, il était entré à 14 ans, le 17 novembre 1922, au petit séminaire patriarcal, rouvert en mars 1921 à Beit Jala par le patriarche Barlassina. Mais en mai 1927, le séminaire revenait à sa résidence de 1890 à Jérusalem, à peine avant le fort tremblement de terre du 11 juillet de cette année qui ébranla dangereusement la façade est de Beit Jala et obligea à la renforcer de piliers. D. Emile fut ordonné prêtre le 12 mars 1932, par Mgr Fellinger, à la concathédrale avec ses deux condisciples, D. Habib Hadweh et D. Nee'meh Simaan. Un troisième, D. Beltritti, trop jeune, l'était quelques mois plus tard.
D. Émile débuta aussitôt dans le travail pastoral à Hoson avec D. Michel Karam, puis, très vite, passa 6 mois à la paroisse d'Ermérnin. Le 25 janvier 1933, il est nommé curé de Zababdeh. Avec grand zèle et succès, il y développa aussitôt son école paroissiale, malgré des oppositions. Il comprit aussi le danger pour ses fidèles de leur inimitié ancienne avec la puissante famille féodale des musulmans Rcheid du voisinage. Il voulut profiter d'une occasion favorable qui se présentait pour tenter une réconciliation. Mais des éléments butés du village s'y opposèrent. Utilisant même un procédé, alors trop fréquent à Zababdeh, qu'on pouvait mettre au compte des ennemis du village, ils tirèrent des coups de feu sur le presbytère pendant la nuit. Au début de 1937, le Patriarche Barlassina mit son prêtre bien à l'abri en le nommant curé de Smakieh, au sud de la Transjordanie. D. Émile y travailla trois ans ; il y connut aussi son premier danger grave de santé, avec appendice perforé et opération d'urgence à l'hôpital de Kérak.
En juillet 1940, lors d'un large mouvement de prêtres nécessité par la guerre, il devint curé de Hoson, au nord de la Transjordanie. Il allait s'y dépenser pendant 12 ans. Bien soutenu par Mgr Simaan, son condisciple devenu vicaire patriarcal à Amman, il fit de son école florissante la première institution secondaire du Patriarcat en Transjordanie. Pour faire place à ses écoliers, il aménagea le vieux presbytère et y construisit trois nouveaux locaux. Le 19 août 1950, avec ses paroissiens et son école secondaire, il accueillit triomphalement le Patriarche Gori lors de sa première visite pastorale. L'essor de cette école de Hoson se trouva brusquement compromis en 1954, après le transfert de D. Emile, du fait d'une guerre implacable entre deux tribes rivales. Après une série de meurtres et avant que les plus hautes autorités d'Amman aient pu imposer une réconciliation, l'armée, pour arrêter les affrontements sanglants, avait radicalement coupé le village en deux, y instituant ce qu'on appela le 38e parallèle de Hoson, à l'époque de la guerre de Corée.
En juillet 1953, D. Emile avait été nommé curé de Zerka, paroisse ouverte en 1950, mais qui s'accroissait très vite du fait de l'afflux des familles de militaires et des immigrants de toute la Jordanie. D. Émile allait donner toute sa mesure dans cette paroisse-champignon où toutes les structures étaient à créer. En 1954, il commença par son clocher ! Un échafaudage de 4 tuyaux, monté par un officier anglais pour les 3 cloches, don de Chavaliers du Saint-Sépulcre. Il fallait d'urgence une église pour ses quelques 2000 fidèles. Un de ses amis religieux rédigea un appel pour l'Amérique et osa le présenter au Cardinal Tisserant, de l'Orientale. Le redoutable Préfet lui dit sans phrases qu'il manquait de psychologie et l'écrivit même à son supérieur général. Mais six mois plus tard, le cardinal écrivait aussi au Patriarche sa satisfaction de ce que la C.N.E.W.A. américaine envoyait 10.000 dinars pour l'église de Zerka. S.B. Mgr Gori vint bénir la première pierre, le 20 mai 1955, et D. Émile eut le grand bonheur de voir le Patriarche revenir bien vite, le 20 avril 1956, pour bénir son église terminée.
Mais la paroisse ne cessait de croître, comme la ville elle-même, surtout vers le nord, le long de la route de Damas. Toujours efficacement épaulé par Mgr Simaan, D. Emile loua une maison en pisé, dans le quartier nord, pour une école et une chapelle-secours. La première messe y fut célébrée le 1er décembre 1958. D. Émile confia surtout à son jeune vicaire, D. Furlan, le soin de cette succursale de Zerka Nord, qui drainait de plus en plus d'immigrants catholiques du pays. Elle allait rapidement connaître un grand essor et se voir doter, grâce à la générosité allemande, d'un ensemble impressionnant de structures, école, église et centre social. Elle devenait paroisse indépendante le 28 mai 1965.
Mais dans les labeurs intenses de sa paroisse, ainsi qu’en explosion et dans le rude climat de Zerka, la santé de D. Emile se trouva gravement atteinte. En juillet 1959, pendant la retraite du clergé à Jérusalem, il eut une crise alarmante d'emphysème pulmonaire. Il s'en remit difficilement, ce qui l'obligea à des ménagements. Aussi, en août 1961, le patriarche Gori, le voyant désormais trop atteint pour soutenir l'effort écrasant de Zerka, le transféra à la paroisse de Naplouse, dont les fidèles peu nombreux ne pourraient lui être une fatigue trop forte. II y fut d'ailleurs très malade en août 1965, au point de recevoir les derniers sacrements. Mais il s'en remit, tout en restant de santé fort précaire, admirablement soigné par sa sœur Ma'zouzeh, qui l'a suivi dans toutes ses paroisses, toujours très dévouée et d'une discrétion parfaite.
En novembre dernier, D. Émile entrait à l'hôpital Saint-Joseph de Jérusalem pour l'opération de la prostate. Mais il a dû y retourner en janvier dernier, cette fois pour une jaunisse virale qui allait l'emporter. II se sentait bien menacé et a reçu l'onction des malades avec beaucoup de piété. Ce dernier mois, entouré de tous les soins affectreux des religieuses, de ses confrères du Patriarcat et des siens, aura été pour lui une préparation providentielle. Au matin du 21 février, alors qu'il causait avec sa nièce, qu'il appréciait et aimait particulièrement, Sœur Eva des Sœurs du Rosaire, en service à Réneh, une dernière crise est survenue, l'emportant en quelques instants, malgré l'intervention du Docteur, assisté de sa nièce et de confrères.
Ses obsèques ont eu lieu dans l'après-midi du dimanche 22 à Birzeit dans la nouvelle église qui lui plaisait tant. Elle s'est remplie de ses concitoyens de toute confession, mais aussi de ses paroissiens et des Sœurs de Saint-Joseph de Naplouse, de nombreuses Sœurs du Rosaire entourant sa nièce, de nombreux confrères du Patriarcat et des grands séminaristes. S.B. le Patriarche Beltritti a tenu a célébrer lui-même la messe, pour son ancien condisciple du grand séminaire. Il l'a concélébrée avec 11 de ses prêtres. Après l'évangile, il a rendu un hommage senti à son ami de 50 ans, à ce prêtre dont il a relevé la piété, le zèle et une modestie rare qui était une vraie humilité. Les deux prêtres du Patriarcat, enfants de Birzeit aussi, le Chanoine Samandar, directeur des écoles et D. Manoel Mousallam, curé de Jénin étaient de la cérémonie et aidaient D. Antoun Buso, le curé de Birzeit. D. Manoel de sa belle voix puissante, a animé les prières des fidèles puis a conduit l'imposant cortège jusqu'au cimetière, sur la pente du village. Les émouvantes prières de la nouvelle liturgie, en arabe, ont été un hommage émouvant de tous à D. Emile dont les restes mortels étaient ainsi conduits avec affection unanime à leur dernière demeure, parmi les siens, à côté de son frère qui l'avait précédé il y a à peine quelques mois, devant le Seigneur.