Né: 8.9.1862 à Jérusalem
Études: 6.10.1871: Rejoint le Petit Séminaire du Patriarcat latin
Ordination: 19.12.1885
Nominations & Activités:
- 12.1885: Maître des cérémonies du Patriarcat Latin
- 4.1894: Curé de la paroisse Le Sauveur au puits de Jacob à Naplouse, en Palestine jusqu'à 3.1897
- 1.1898: Curé de la paroisse Saint-Joseph à Jifna, en Palestine jusqu'à 8.1898
- 8.1898: Curé de la paroisse de l'Assomption de Notre-Dame à Salt, en Jordanie jusqu'à 4.1902
- 2.1905: Curé de la paroisse Notre-Dame de l'Annonciation à Beit Jala, en Palestine jusqu'à 10.1923
- 17.4.1905: Professeur au Séminaire du Patriarcat latin de théologie
- 15.1.1921: Professeur au Séminaire du Patriarcat latin de philosophie p. Antoun Zeitoun et mœurs jusqu'à 10.1923
- 10.8.1922: Investi Chanoine du Saint-Sépulcre
- 10.1923: Professeur opéra Ferrari
- 12.1924: Ouverture de la première mission et premier curé de la paroisse du Christ-Roi à Amman, en Jordanie jusqu'à 3.1925
- 12.6.1925: Président du tribunal ecclésiastique diocésain de Jérusalem
- Directeur archiconfrérie
Mort: 26.9.1928 à l'hôpital Jérusalem, à l'âge de 66 ans
Enterré: Cimetière paroissial
Le chanoine Choukri Safieh, originaire de Jérusalem où il était né le 8 septembre 1862, fit ses études au séminaire patriarcal et il fut ordonné prêtre par Mgr Bracco, le 19 décembre 1885. Il passa à Naplouse, Gifneh et Salt, d'où il vint à Beit Jala. Il allait y rester 18 ans et y vivre les années tourmentées de la Grande Guerre.
C'est du temps de D. Safieh, au début de 1910, que furent exécutés à l'église de Beit Jala des travaux assez considérables, par le frère même de D. Choukri, entrepreneur, sur les plans du RP. Boubet, assomptioniste. Au lieu des pignons extérieurs qui donnaient son aspect caractéristique à cette église gothique de D. Morétain, les voûtes furent aménagées en terrasse uniforme, ceinturée sur toute la périphérie par une corniche en pierre. Deux clochetons en ciment armé flanquèrent les deux côtés de la façade ; cette dernière fut couronnée d'une balustrade et d'une croix également en ciment. Le résultat de ces modifications, qui eussent indigné D. Morétain, fut que l'extérieur de l'église ne correspond plus à son intérieur gothique.
En mars 1915, le Séminaire, dont les Turcs avaient réquisitionné l'immeuble à Jérusalem, vint s'installer à Beit Jala pour deux ans. Cette présence ne fut pas sans causer des désagréments au curé, tout comme il était de tradition depuis les jours lointains de D. Morétain et du P. Léonard. Déjà en 1908, D. Safieh avait eu maille à partir avec le recteur d'alors, D. Théophile Salatovich, qui ouvrit la porte nord de la bibliothèque et voulut barrer le couloir entre le séminaire et la cure. Avec la présence permanente du séminaire à Beit Jala, le curé se voyait refoulé dans ses appartements du nord, glaciaux en hiver. Mais ce fut bien pire lorsque, en Juillet 1917, une garnison germano-turque occupa toute la maison, contraignant le Séminaire à chercher refuge au Patriarcat et D. Choukri chez les Sœurs de Saint Joseph. Il y prit pension à raison de deux francs par jour. Au début de Décembre 1917, les Turcs en retraite évacuèrent Beit Jala. Ayant cru apercevoir déjà des anglais au Séminaire, ils tirèrent quelques obus dont l'un creva la terrasse au-dessus de la chambre du recteur.
L'occupation de la maison par les troupes germano-turques, bien que fort brève, n'alla pas cependant sans un pillage général. Beaucoup de boiseries même s'en étaient allées au feu. D. Choukri récupéra donc une maison toute saccagée. Il la fit visiter à M. Georges Picot, alors Hautcommissaire français, qui lui remit 3000 francs pour une première réparation de ses appartements. Mgr Barlassina s'occupa un peu plus tard de la restauration du séminaire proprement dit pour sa réouverture en mars 1921.
Appréciant la valeur de D. Safieh, Mgr Camassei en avait fait en 1908 le chef des latins de Jaffa, c'est-à-dire leur représentant et leur avocat devant le gouvernement. À ce titre, D. Safieh devait presque chaque mois quitter pour quelques jours Beit Jala où il laissait son vicaire pour aller défendre à Jaffa les intérêts des catholiques. Il eut grand mal, en particulier, à sauver un terrain assez considérable que possédait le Patriarcat. Dans ses lettres, il se plaint de cette charge ingrate d'avocat à Jaffa. Outre les fatigues et les tracas sans fin de la procédure turque, ce rôle lui valait à Beit Jala l'accusation de négliger sa paroisse et à Jaffa celle de se mêler d'affaires ne le regardant point. L'homme pacifique qu'était D. Safieh en faisait souvent ses doléances à Mgr Camassei.
En avril 1921, à la réouverture du séminaire à Beit Jala, Mgr Barlassina confia à Don Safieh la charge de père spirituel des séminaristes et l'enseignement de la théologie morale. D'une belle intelligence, D. Choukri s'était donné une forte culture ecclésiastique, surtout en philosophie et théologie.
En octobre 1923, D. Safieh, qui sentait le poids des infirmités, quitta la paroisse de Beit Jala et, du Patriarcat, enseigna à l'Opera Cardinal Ferrari qui s'était installée dans l'ancien séminaire de Jérusalem. En décembre 1924, il alla à Amman où l'on était sur le point d'ouvrir la paroisse ; mais avec sa santé fort atteinte, il ne put supporter le froid intense que n'atténuait en aucune façon la misérable installation du début. Le 12 juin 1925, Mgr Barlassina le nomma officier du diocèse. En même temps que son travail au tribunal ecclésiastique, il assurait à la concathédrale la direction de l'Archiconfrérie du Cœur agonisant de Jésus. Atteint vers la fin d'anémie cérébrale, D. Safieh passa ses derniers jours à l'hôpital français de Jérusalem où il s'éteignit le 26 Septembre 1928.