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1927 Mgr Bernardino Merlo (1904-1977)

Né: 28.12.1904 à Rosta (Turin, Italie)

Études:

  • 10.1917: Entrée Tommasini (Cottolengo) Turin
  • 21.11.1920: Rejoint le Petit Séminaire du Patriarcat latin de philosophie au Mont Sion
  • 3.2.1924: Les Premiers Ordres Mineurs par S.B. le Patriarche Louis Barlassina
  • 9.11.1924: Les Derniers Ordres Mineurs par Mgr Kean à Beit Jala
  • 9.1.1927: Le Diaconat par S.B. le Patriarche Louis Barlassina à Beit Jala

Ordination: 16.4.1927 par S.B. le Patriarche Louis Barlassina au Saint-Sépulcre à Jérusalem

Nominations & Activités:

  • 5.1927: Vicaire de la paroisse de l'Assomption de Notre-Dame à Salt avec le curé P. Jobrail Soueidan jusqu'à 9.1927
  • 2.12.1927: Curé de la paroisse de la décollation de Saint-Jean-Baptiste à Madaba, en Jordanie jusqu'au 15.6.1940
  • 15.6.1940: Assigné à résidence à Rafat
  • 27.12.1940: Assigné à résidence à Qoubeibeh
  • 22.8.1941: Assigné à résidence à la Flagellation à Jérusalem
  • 27.7.1943: Libéré
  • 24.7.1943: Curé de la paroisse de Visitation de Notre-Dame à Zababdeh, en Palestine jusqu'au 7.6.1951
  • 8.6.1951: Directeur général des écoles du Patriarcat latin en Palestine
  • 15.9.1951: Président du tribunal ecclésiastique diocésain de Jérusalem
  • 2.1952: Directeur des écoles du Patriarcat en Palestine et de celles de l'Union Catholique en Jordanie, après le départ de R. B. Foca jusqu'au 7.6.1965
  • 19.3.1952: Investi Chanoine du Saint-Sépulcre
  • 17.4.1952: Célébration de son jubilé d'argent sacerdotal avec de ses trois confrères au Saint-Sépulcre à Jérusalem
  • 12.1964: Procureur général du Patriarcat latin de Jérusalem
  • 21.12.1964: Camérier secret de Sa Sainteté par le pape Paul VI
  • 7.10.1968: Membre des rapports islamo-chrétiens
  • 10.1970: Président de la commission islamique

Voyages: Italie (1972-1973)

Mort: 9.3.1977 au Patriarcat latin, à l'âge de 72 ans

Enterré: 10.3.1977 Cimetière du mont Sion

Monseigneur Bernardino Merlo, après son service aux paroisses de Madaba et Zababdeh, était beaucoup plus connu comme Abouna Boulas. Il devait célébrer son jubilé d'or sacerdotal le 16 avril, avec ses deux condisciples survivants, les chanoines Michel Karam et Albino Gorla. Mais le Seigneur en a disposé autrement. Il a rappelé soudainement à lui son bon serviteur, au matin du 9 mars. Avec lui a disparu une forte personnalité du clergé patriarcal. Elle mérite bien ici sa notice, même si la maladie l'avait retirée, depuis quelques années, du service actif.

Né à Rosta, dans le Piémont, le 28 décembre 1904, il avait fait ses études au séminaire des Tommasini de Saint-Cottolengo à Turin. C'est là qu'il fut embauché, en octobre 1920, pour les mis­sions de Terre sainte, par le patriarche Bar­Jassina, lui-même ancien élève de cette insti­tution, arrivé à Jérusalem comme évêque auxiliaire le 29 octobre 1918 alors que les Turcs venaient d'évacuer la Palestine. Mgr Barlassina, promu patriarche le 8 mars 1920, avait trouvé son clergé décimé par les expulsions et les épidémies de la guerre. Hom­me de décision énergique, il entendit rouvrir aussitôt son séminaire éteint, avec le double recrutement local et étranger qui avait déjà bien fait ses preuves. Tout naturellement, il était allé frapper chez Les Tommasini. Il sut y enthousiasmer un groupe de quatre jeunes en fin d'études secondaires. Ils arrivèrent à Jérusalem le 21 novembre 1921 et y reçurent la soutane le 23. En décembre, ils prirent logement à la Dormition dont les moines avaient été transférés en Égypte. Mais, du monastère, ils venaient prendre leurs repas au Patriarcat. On les avait confiés à D. Maat, jeune prêtre, ordonné le 26 septembre précédent ; il fut aussi leur premier maître d'arabe. Le 17 mars 1921, Mgr Barlassina rouvrit son séminaire de Beit Jala, sous la direction de D. Joseph Morcos (1869-1942) et avec l'aide de divers professeurs, dont le P. Buzy. Le grand séminaire comprit, avec D. Merlo et ses condisciples arrivés avec lui, D. Michel Karam de Nazareth et le théologien Etrore Foresto arrivé le 14 janvier. Avec cette première classe du séminaire d'après-guerre, D. Merlo fut ordonné prêtre par Mgr Barlassina, le 16 avril 1927, devant l'édicule du Saint-Sépulcre.

Il fut d'abord envoyé comme vicaire à Salt dont était curé D. Jobraïl Swédan. Lors du sévère tremblement de terre du 11 juillet 1927, il se trouvait à l'église. Il se réfugia dans la base du clocher d'où il attendit la fin de la chute impressionnante des pierres. Le 2 décembre de cette même année, Mgr Barlassina lui confiait hardiment, à seulement 23 ans, l'importante mission de Madaba. C'est là qu'il devenait Abouna Boulos. Sa forte personnalité y donna sa mesure. Il sut mener sagement, mais fort énergiquement, cette difficile paroisse où avaient peiné ses deux prédécesseurs plus âgés. Il y prit grand soin de ses écoles qu'il porta à un excellent niveau. Plein de zèle, il eut aussi le souci des vocations. Trois vocations sacerdotales suscitées par lui devaient lui faire honneur. En 1932, il avait envoyé au séminaire patriarcal Hanna Kaldany, qui fut ordonné prêtre en 1944 et promu évêque le 5 janvier 1964 par Paul VI au cours de son pèlerinage en Terre Sainte.En 1933, Emmanuel Sawalha, de la paroisse de D. Boules, entrait à la Dormition où il serait ordonné en 1944, mais d'où le chassait la guerre de 1948. En 1939, D. Boulos envoyait aussi au séminaire Naoum Karadcheh, ordonné en 1951.

À Madaba, D. Boulos acheva aussi de se donner une riche culture arabe, en langue d'abord, qu'il eut très forte, puis en histoire et civilisation islamique. Il publia un manuel scolaire d'histoire arabe qui fut classique quelque temps dans les écoles du Patriarcat. D. Boulos resta curé de Madaba 13 ans, jusqu'à la guerre de 1940 où il dut laisser la paroisse à D. Ibrahim Hélou, son vicaire depuis quelques années. Le dynamique curé connut alors un intermède de trois ans d'internement, comme tous les sujets allemands et italiens. Ce fut d'abord très bénin, dans la résidence patriarcale de Notre-Dame de Palestine à Rafat ; puis, le 27 décembre de cette même année, à Qou­beibeh, sous une garde plus stricte, mais dans un cadre agreste très agréable. Mais depuis le 22 avril 1941, après la menace de Rommel sur Alamein, l'internement devint plus sévère et pesant au couvent franciscain de la Flagellation à Jérusalem. Du moins, D. Merlo et ses confrères y avaient-ils la distraction de cours à donner aux séminaristes internés avec eux.

Libéré le 23 juillet 1943, il fut envoyé par Mgr Barlassina comme curé à Zababdeh, paroisse de la Samarie nord, entourée de villages musulmans dont certains éléments ne cessaient de molester leurs voisins chrétiens. L'énergie d'Abonna Boulos, que personne n'intimidait, fut fort appréciée de ses fidèles. Il les défendit valeureusement, ne craignant pas de troubler dans les journaux le guêpier de fonctionnaires malveillants qui, à Jénin, soutenaient les féodaux oppres­seurs de Zababdeh. Après 8 ans, le Patriarche Gori confia à la forte personnalité de D. Merlo la direction des écoles du Patriarcat en zone arabe, l'appela à la curie et le nomma aussi président du tribunal ecclésiastique. En 1952, il prenait encore la direction de l'union des écoles catholiques, latines et melkites de Transjordanie, partageant désormais ses mois entre Jérusalem et Amman, en s'imposant des deux côtés par sa personnalité. Chanoine du Saint-Sépulcre en mars 1952, il fut aussi nommé en 1966 Camérier secret et procureur général du Patriarcat.

Mais en 1965, cette force de la nature, qu'était aux yeux de tous Mgr Merlo, était atteinte d'angine de poitrine. Sa santé allait limiter de plus en plus ses activités, même s'il succédait encore en 1970 à Mgr Bateh à la tête de la Commission islamique diocésaine.

Se sentant définitivement touché, il sut faire à temps ses gênérosités. Au curé de Birzeit, dont il avait apprécié le dévouement obstiné à son école et à son église, il passa discrètement tout un pa­trimoine familial qui venait de lui échoir. Avec une libéralité bien méritoire pour lui qui aimait tant sa riche collection de livres, il fit don au grand séminaire patriarcal de sa belle bibliothèque de civilisation et de littérature arabe. Il s'était ainsi libéré pour les derniers sacrifices.

Le Seigneur allait lui en demander de bien lourds. Des attaques successives le laissaient finalement quasi aphasique, fort diminué et dépendant, lui dont le rude caractère avait rendu le commerce parfois bien difficile. Il souffrait visiblement de perdre un contact normal avec ses confrères du Patriarcat. Du moins pouvait-il encore dire quelques mots, suivre dans une certaine mesure avec un intérêt évident les activités de ses confrères de la curie, faire aussi quelques sorties qu'on lui ménageait avec charité. Ainsi, tout récemment encore, à Birzeit, à Rafat, au séminaire de Beit Jala, et, l'avant-veille de sa mort, à Jéricho avec le patriarche. Dans le vaste couloir du Pa­triarcat, on rencontrait sans cesse sa puissante stature, son visage encadré de sa barbe et de ses cheveux blancs vénérables ; il y était une présence familière à tous, que chacun saluait, et taquinait même à l'occasion, provoquant son bon sourire. Mais depuis deux mois, on le voyait baisser sensiblement.

Au matin du 9 mars, alors que la veille encore il était parmi ses confrères, il ne paraissait pas pour sa messe à la tribune de la con­cathédrale. Un confrère et une sœur forçaient sa porte, fermée par un léger loquet. Ils le trouvaient mort, très paisible dans son lit, emporté dans son sommeil par une derrnère thrombose, selon le Doc­teur aussitôt appelé. Le 10 mars, la messe des funérailles était célé­brée à la concathédrale par le Patriarche, avec 16 concélébrants, dont l'Auxiliaire S.E. Mgr Kaldany, des deux condisciples survivants D. Karam et D. Gorla, dans la concathédrale remplie par les amis et connaissances. D. Georges Saba, 23 ans curé de Madaba après D. Merlo, évoquait avec piété fraternelle la forte figure d'Abouna Bou­los, sa riche carrière pastorale et administrative avant les épreuves du crépuscule. Abouna Boulos a été enseveli au caveau du cimetière pa­roissial sur la pente du Mont Sion. Les paroisses de Madaba, Zabab­deh et Birzeit ont aussi rendu dans la suite hommage à leur ancien curé ou bienfaiteur.